Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien |
|
Un quart de la population touché Les chiffres du chikungunya à Mayotte étaient faux. Officiellement, l’île hippocampe comptait plus de 6 300 malades la semaine passée. Mais le préfecture a annoncé qu’une étude de séroprévalence menée en mars et avril montre qu’un quart de la population a été touché par le virus, soit plus de 43 000 personnes.
Avec 6 24O cas enregistrés la semaine passée sur une population de 175 000 habitants, Mayotte donnait l’impression de connaître une situation totalement atypique comparée à la Réunion avec ses 248 000 malades sur 750 000 âmes. On sait maintenant pourquoi : les chiffres mahorais étaient faux. Comme tous les spécialistes d’en doutaient, les statistiques reflétaient bien mal la réalité de l’épidémie dans l’île hippocampe qui a surtout démarré en janvier dernier. Le secrétaire général de la préfecture de Mayotte, Guy Mascrès, ainsi que le directeur des affaires sanitaires et sociales de la collectivité départementale ont annoncé que, d’après des estimations, plus d’un quart de la population était en fait touché par le virus. Soit au moins 43 750 malades. Comment les chiffres du chikungunya à Mayotte ont-ils pu exploser en une semaine ? La préfecture et la Dass ont expliqué que ces nouvelles estimations découlent d’une vaste étude de séroprévalence conduite entre mars et avril. Les résultats de ces recherches sont venus rendre obsolète le mode de calcul en vigueur jusque-là basé sur les fiches de déclaration remplies par les médecins traitants.
Pour établir qu’un quart des Mahorais ont
été atteints par le chikungunya, des équipes du centre hospitalier de
Mayotte (CHM) ont analysé des échantillons sanguins prélevés sur 600
femmes entre mars et avril. Résultat : « 25% des femmes présentaient des
marqueurs sérologiques d’infection récente », indique la préfecture en
précisant que cette étude a été validée par le centre national de
référence des arboviroses de Lyon. Beaucoup de malades ne consultent pas Dans le même temps, des échantillons prélevés en octobre 2005 sur des femmes enceintes et conservés par l’hôpital ont été analysés. A l’époque, seulement 2,5 % de ces parturientes avaient été en contact avec le chikungunya. Selon Guy Mascrès, les résultats de cette étude de séroprévalence « offrent une photo bien plus proche de la réalité ». « Nous savions que beaucoup ne consultent pas les services de santé et que nous étions sevrés d’une partie des informations. Nous n’ignorions pas que les chiffres ne correspondaient pas au reflet exact de l’étendue de l’épidémie ».
Selon le quotidien électronique Le Canal,
Antoine Perrin, directeur de l’Agence régionale d’hospitalisation pour la
Réunion et Mayotte, s’est défendu d’avoir tardé à mettre en place ce
nouveau mode de calcul. « Nous avions nous aussi tiré la sonnette d’alarme
dès le début », a-t-il déclaré. « Nous savions que les anciens chiffres ne
représentaient pas la réalité. Nous avons dû attendre que soit réalisée
cette enquête ». Nouvelle étude à la fin de l’hiver Antoine Perrin a ajouté que des « moyens mis en place à Mayotte avaient été anticipés. Les renforts hospitaliers et matériels sont arrivés bien avant que l’épidémie ne grimpe. Mais, la lutte contre le moustique est de longue haleine. Cela ne se fera pas en un jour ». D’après le secrétaire général de la préfecture, la tendance enregistrée depuis quelques semaines indique qu’à Mayotte comme à la Réunion, l’épidémie progresse moins vite. « Notre volonté est de maintenir la vigilance, les efforts de prévention et de poursuivre la lutte anti-vectorielle qui n’a jamais cessé dans la collectivité ». Car les trois-quarts de la population sont encore susceptibles d’être touchés. Une nouvelle étude de séroprévalence sera conduite « à la sortie de l’hiver austral » afin de déterminer l’évolution de la maladie, indique la préfecture. « Pour mieux se préparer et mieux s’armer ». Depuis janvier, l’Etat a engagé en moyens humains et matériels une enveloppe de six millions d’euros dans la lutte contre le chikungunya. Par ailleurs, un budget prévisionnel de 200 000 euros devrait être destiné à indemniser les entreprises en difficulté. Jérôme TALPIN |