Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Mercredi 10  mai 2006

CHIKUNGUNYA : LES QUESTIONS SANS REPONSE DU PCR

«Pourquoi l’Etat traîne autant ?»

 

Face à une épidémie dont on ne voit toujours pas la fin, le PCR fustige la lenteur de l’Etat dans la mise en place du Centre de veille sanitaire et du service de prophylaxie.


Avec toujours plus de 3.000 cas par semaine et bientôt un Réunionnais sur trois touché par la maladie, personne ne peut se satisfaire de la tournure que prend l’épidémie de chikungunya. Surtout pas le PCR qui, se plaît-il à le rappeler, a été le premier à tirer la sonnette d’alarme à l’entame du dernier trimestre 2005. En vain à l’époque. Et c’est pour que l’histoire ne se répète pas qu’il revient à la charge. 

Persuadée, comme tous les observateurs de la crise sanitaire, qu’il ne faut «pas baisser la garde», Gélita Hoarau tient à exprimer les «grandes inquiétudes» qui sont les siennes. Des inquiétudes qui concernent deux mesures annoncées par le gouvernement, qui «traînent» et ne sont pas mises en place ». A savoir, le Centre de recherche et de veille sanitaire et le service de prophylaxie. 

Hormis un «écho» début avril disant qu’il serait transformé en observatoire, la sénatrice affirme n’avoir depuis plus aucune nouvelle du futur Centre de recherche et de veille sanitaire. «Il est où ce centre ? Dans quel tiroir ? Nous ne sommes pas les seuls à être inquiets. Les Réunionnais ne comprendraient pas que ce centre soit installé ailleurs que dans l’île», souligne Gélita Hoarau. 

Ce centre, une fois mis en place, pourra apporter des réponses aux questions qui se posent encore, poursuit l’élue communiste. Le chikungunya a-t-il des conséquences sur l’espérance de vie ? Qu’en est‑il de la rechute ? Quel avenir pour les bébés victimes de méningo‑encéphalite ? 

Un transfert avec des moyens 

«Pourquoi l’Etat traîne autant ?» martèle Gélita Hoarau en enchaînant sur le service de prophylaxie. Un «véritable» service, qu’il convient de «démarrer» puis de «pérenniser». Selon la sénatrice, il faudrait profiter de la «décrue» actuelle pour mettre en place une réelle équipe de lutte sur le terrain. Et ce, sans attendre que le transfert de la compétence (de l’Etat au Département) soit effectif. Un transfert qui, bien évidemment, devra se faire avec les «moyens nécessaires», tant matériels qu’humains.

 Tout cela aurait pu être «boosté» par une commission d’enquête. Mais celle‑ci, réclamée par Gélita Hoarau, s’est muée en simple mission du président de la commission des affaires sociales du Sénat, mission qui «ne semble pas avoir fait avancer les choses». Reste l’autre mission d’enquête parlementaire, demandée, elle, par Huguette Bello, que la sénatrice espère «plus efficace».

En attendant, le PCR souhaite que l’hiver austral soit l’occasion de mettre le paquet contre les moustiques. Dans ce cadre, il voit d’un mauvais oeil le retrait progressif des militaires. Qui va les remplacer ? Certainement pas les employés communaux qui ont déjà consacré beaucoup de temps à la lutte, au détriment d’autres activités, souligne Maurice Gironcel. «Le départ des militaires pourrait constituer un coup d’arrêt à la lutte, qui risquerait d’être fatal à l’efficacité du dispositif», ajoute le maire de Sainte‑Suzanne.

Un manque d’autant plus criant qu’il va falloir passer au nettoyage systématique des ravines et des cours d’eau, sites pourtant placés «sous la compétence de l’Etat», rappelle Maurice Gironcel. Lorsque cela a été annoncé, mardi en préfecture, les représentants des municipalités ont émis de fortes réserves sur le sujet, assure le maire de Sainte‑Suzanne. «L’Etat ne doit pas se déresponsabiliser», insiste Maurice Gironcel.

 

                                                                  Olivier DANGUILLAUME

 

 

Villepin attendu le 18 mai

 

Le 28 février dernier, juste avant de quitter l’île, Dominique de Villepin promettait de «revenir dans trois mois pour vérifier l’efficacité des actions engagées». Le Premier ministre devrait tenir son engagement. Et même avec un petit peu d’avance sur le calendrier.

 

Selon plusieurs sources concordantes, Dominique de Villepin est attendu à la Réunion le 18 mai prochain. Un jeudi. L’information a notamment circulé mardi, en préfecture, lors d’une réunion à laquelle ont participé plusieurs maires ou leurs représentants.

 

La visite reste bien évidemment sous réserve de tout événement extérieur. Et surtout intérieur, vue l’ambiance qui règne actuellement à Matignon avec les révélations à tiroirs de l’affaire Clearstream. Car s’il n’est plus Premier Ministre, Dominique de Villepin n’aura pas besoin de faire le déplacement.

Dans le cas contraire, l’hôte de Matignon sera accompagné de François Baroin qui, la semaine dernière sur les ondes de France Inter, indiquait être en train, pour lui‑même et le Premier ministre, de «préparer un voyage à la Réunion et à Mayotte». En toute logique, Xavier Bertrand prendra lui aussi le même avion. Dans une récente interview au Quotidien, le ministre de la Santé confirmait qu’il se rendrait à la Réunion «d’ici la fin du mois» (notre édition du 6 mai).

 

(Le Quotidien de la Réunion du 10/05/06)