Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Vendredi 26 mai 2006

LUTTE CONTRE LE CHIKUNGUNYA

 

L’armée passe le relais aux civils

 

 

Les Fazsoi expliquent qu’elles se sont engagées contre le chikungunya pour faire face à «l’impréparation de certains services spécialisés ». Mais l’armée doit désormais se recentrer sur ses compétences et indique clairement que les collectivités doivent désormais prendre le relais même si elle maintiendra un «dispositif de réactions»

 

 

Alors que se profile le désengagement de l’armée en matière de lutte contre chikungunya, l’état‑major des Fazsoi explique dans un communiqué que les militaires sont toujours engagés dans cette lutte. 

«Dès le mois d’octobre 2005, les Fazsoi ont participé à la lutte de terrain et, à partir de janvier 2006, face à l’explosion de l’épidémie, au désarroi de la population réunionnaise et l’impréparation de certains services spécialisés pour répondre à une menace de cette ampleur, il a été décidé d’un engagement immédiat et massif et dans la durée du ministère de la Défense. La situation était exceptionnelle», insiste le communiqué. 

La réponse fournie par la Défense consistait avant tout en des effectifs projetés sur le terrain : 500 militaires des Fazsoi, renforcés par 300 autres venus de métropole, auxquels il faut ajouter la composante logistique permettant de faire fonctionner cet engagement de terrain. Ces 800 militaires ne possédaient aucune compétence particulière pour lutter contre le chikungunya. Ils ont eu sur place 48 heures de formation spécifique avant leur engagement. «Cela signifie que les collectivités peuvent aujourd’hui faire de même, en mobilisant elles aussi des effectifs similaires. Il conviendra simplement de coordonner leur action sur le terrain», remarque l’armée. 

«Aujourd’hui, le traitement lourd des zones habitées est terminé. Quelques quartiers nécessitent cependant un travail de complément. Les ravines traversant les zones urbaines doivent maintenant être traitées. C’est dans ces tâches que les militaires des Fazsoi sont engagés aujourd’hui, en liaison avec les services spécialisés de l’Etat et en partenariat avec les communes réunionnaises. 

Les Fazsoi doivent retrouver leurs missions 

«Mais le caractère exceptionnel de la crise n’est plus avéré, même si la menace persiste, poursuit le communiqué. Or, pour répondre à la situation de janvier dernier, les Fazsoi ont dû procéder à une lourde réorganisation qui n’a pas été sans conséquence pour elles. Pour mettre un maximum d’effectif sur le terrain, toutes les missions d’entraînement ont été arrêtées, provoquant de fait une perte des capacités opérationnelles individuelles et collectives importantes. La situation l’imposait alors.

 «Aujourd’hui, les Fazsoi doivent récupérer toutes leurs capacités. Serait‑il admissible qu’elles ne puissent porter secours rapidement à des ressortissants français en difficulté dans la zone en cas de besoin ? C’est pourtant une de leurs missions prioritaires, et cela nécessite la maîtrise de savoir‑faire particulier». 

Le travail actuel des militaires sera achevé au milieu du mois prochain, justifiant une nouvelle réorganisation. A partir de fin juin et pendant l’hiver austral, la lutte contre le chikungunya consistera à éliminer un maximum possible de gîtes larvaires qui pourraient exploser l’été prochain. 

«Comme l’a annoncé le Premier ministre dans son discours à Champ‑Fleuri, les services spécialisés de l’Etat, les collectivités territoriales, départementales et communales s’organisent pour la lutte au quotidien comme le font déjà depuis longtemps tous les autres départements d’outre‑mer face aux menaces du même type», font remarquer les Fazsoi. 

Un dispositif militaire de réaction sera néanmoins maintenu, prêt à s’engager immédiatement si les conditions de la situation épidémique se révélaient à nouveau exceptionnelles. «Ainsi, les Fazsoi pourront récupérer leurs capacités opérationnelles et redevenir compétentes pour toutes actions qu’il faudrait déclencher dans la zone sud de l’Océan Indien», conclut l’armée.