Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | ||
Le Quotidien de la Réunion du vendredi 09 juin 2006 |
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L’IEDOM
CONFIRME QUE L’ACTIVITE ECONOMIQUE A ETE IMPACTEE PAR LE CHIK |
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La croissance en panne début 2006 |
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Ce n’est pas une surprise mais l’étude menée par l’Iedom auprès des entreprises locales le confirme avec des chiffres : l’activité économique a été sérieusement mise à mal au premier trimestre à la Réunion. Le chikungunya, la tempête Diwa et la fermeture de la route du littoral ont fait chuter la consommation et douter les patrons dont les prévision d’investissement sont en baisse L’Iedom se montre même très pessimiste pour l’avenir du secteur touristique. |
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Principale explication : une consommation des ménages moins dynamique que les mois précédents. L’Iedom évoque même un «fléchissement» de la demande intérieure, traduction des arbitrages budgétaires faisant suite à l’épidémie de chikungunya : les achats liés à la santé se sont développés au détriment des secteurs traditionnels de l’économie marchande. «L’ensemble des branches enquêtées dans le secteur du commerce de détail fait état d’un recul de l’activité et les recettes d’octroi de mer, comme celles de la taxe sur la valeur ajoutée, enregistrent un tassement du rythme de croissance au premier trisser», décrit l’Iedom. Autre signe qui ne trompe pas sur une île où l’automobile est reine : les ventes de véhicules de tourisme neufs ont chuté de 400 unités (-6,7%) entre les premiers trimestres 2005 et 2006. Conséquence du chikungunya mais aussi de la fermeture de la route du littoral : les Réunionnais ont restreint leurs déplacements au cours des trois premiers mois de l’année. Les ventes de produits pétroliers qui avaient régulièrement progressé lors des trois trimestres précédents, ont brusquement chuté début 2006 au point de se situer légèrement en dessous du niveau atteint début 2005. Une bonne nouvelle tout de même : les ménages ont maintenu lors du premier trimestre leur effort d’investissement, notamment dans l’immobilier. 3.888 logements ont été visés par le Consuel contre 2.133 à pareille époque il y a un an. A en croire l’Iedom, «cette dynamique semble toutefois s’atténuer avec un marché immobilier qui commence à montrer quelques signes d’essoufflement : les délais de commercialisation s’allongent et les principaux établissements de crédit constatent une stabilisation des demandes de crédit à l’habitat». Les entreprises réunionnaises, de leur côté, ont continué à investir au premier trimestre. Mais leurs prévisions à douze mois se sont «dégradées», notamment en raison de report de certaines décisions d’engagements, confie l’Institut d’émission des départements d’outre-mer.
Si les patrons sont aussi prudents, c’est
que quasiment tous les domaines d’activité ont subi les conséquences du
chikungunya, de la fermeture de la route du littoral et du passage de la
tempête tropicale Diwa. Seuls le BTP et les services résistent Secteur primaire, industrie agroalimentaire (qui avait pourtant le vent en poupe depuis six mois), industrie manufacturière, commerce de détail ou encore commerce de gros : partout une détérioration du courant d’affaires a été enregistrée début 2006. Avec bien souvent une élévation problématique du niveau des stocks de matières premières et de produits finis. Seuls deux secteurs ont plutôt bien résisté à la crise : le bâtiment (où l’emploi continue de progresser en lien avec l’augmentation du carnet de commandes) et les services marchands. Dans ce dernier cas, les télécommunications ont nettement mieux tiré leur épingle du jeu que les transports et les services aux entreprises. Reste le cas du tourisme, évidemment sinistré : fermeture d’établissements hôteliers, baisse du nombre de rotations de la part des compagnies aériennes... L’Iedom ne cache pas son inquiétude pour ce secteur essentiel à l’économie locale (309 millions de recettes en 2005). «Même avec des conditions sanitaires en amélioration, la relance du secteur touristique semble compromise avant la fin de l’année», commente l’institut d’émission des départements d’outre-mer qui va là à l’encontre des prévisions optimistes des acteurs du secteur tablant sur une relance possible de la destination Réunion auprès du grand public à partir du mois de septembre. Pour les autres secteurs d’activités, l’Iedom est plus optimiste : «l’économie peut s’appuyer sur des fondamentaux solides et a les capacités de repartir de l’avant, tirée notamment par un secteur du bâtiment qui bénéficie d’un carnet de commandes bien rempli. La confiance retrouvée des agents économiques redonnera naturellement des couleurs à la demande intérieure dont l’évolution constitue le principal déterminant de la conjoncture». Tout ceci est évidemment conditionné par une donnée : que l’épidémie de chikungunya ne reparte pas de plus belle à la rentrée».
Cédric BOUILLAND |