Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | ||
Le Quotidien de la Réunion du vendredi 09 juin 2006 |
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CENTRE DE
RECHERCHE ET DE VEILLE SUR LES MALADIES EMERGENTES |
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Un «télescope du vivant» |
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La commission de l’Océan Indien a décidé d’organiser un réseau régional de veille et de recherche sur les maladies émergentes. Une réunion préparatoire s’est ouverte hier, en présence des scientifiques de multiples disciplines |
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Ce centre nécessitera un réseau de coopération performant entre les pays concernés, appelé à s’ouvrir ultérieurement à l’autres pays. C’est pour l’organiser qu’une réunion s’est ouverte hier après-midi, pour deux jours, dans l’hémicycle de l’hôtel de Région. Y participent des «référents scientifiques» des pays membres de la COI (à l’exception des Seychelles) ainsi que les membres des cellules nationale et régionale de veille et de recherche sur les maladies émergentes. L’objectif, a expliqué, lors des allocations d’ouverture, Antoine Flahault, coordonnateur de la cellule nationale, est de mettre en oeuvre un «télescope du vivant». Un outil encore «unique au monde» pour observer non seulement la santé humaine mais aussi la santé animale, et à caractère nécessairement interdisciplinaire : épidémiologistes et cliniciens côtoieront entomologistes, vétérinaires, immunologistes et autres microbiologistes, sans oublier sociologues et anthropologues car les sciences humaines et sociales sont « à mettre au premier plan », a souligné le professeur Flahault. Outre la veille épidémiologique, l’ «observation» sera l’un des maîtres mots du centre, a-t-il insisté : «pas de science sans observation attentive, rigoureuse, permanente. C’est la pierre angulaire du télescope du vivant». Il s’agit de mettre en place une véritable « météorologie sanitaire » dans la région, a résumé le spécialiste en rappelant que c’est également grâce à la coopération que les météorologistes sont aujourd’hui en mesure de voir venir les cyclones. «Un système d’anticipation qui ne peut pas gommer les risques, mais qui permet de les anticiper et d’éclairer les personnes qui doivent les gérer». «Anticiper», «prévenir» et «contrôler» sont donc les trois missions du futur centre qui veut être en prise directe avec la communauté scientifique et les grands organismes internationaux. Après des communications scientifiques, la réunion était consacrée, hier après‑midi, à l’exposé de propositions pour le «télescope du vivant dans l’Océan Indien» par le professeur Flahault et Catherine Gaud, vice-présidente de la Région. Ce matin les participants débattront des indicateurs qui permettent l’observation du vivant et de l’environnement, ainsi que des «recherches sur la prise en charge communautaire, sur les vecteurs et le contrôle des maladies émergentes». L’après-midi sera consacré à la recherche clinique sur les diagnostics, la prévention et les traitements. Au cours de ces travaux, qui se déroulent à huit clos, un comité scientifique comprenant deux spécialistes par pays doit être constitué. Ses propositions seront examinées lors de la prochaine réunion des ministres de la santé de la COI, qui devrait se tenir en septembre. «Vous êtes porteurs des espoirs de toute une population», a lancé Paul Vergès aux participants. De son côté, Denis Bossard, chargé de mission au secrétariat général de la COI, a jugé utile de signaler que si la COI est devenue un «espace de réseaux», elle a aussi «l’expérience des échecs», faute de pouvoir les pérenniser financièrement.
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HUMEUR Huit clos
Après les allocations d’ouverture, la
réunion d’hier débutait par de « courtes communications scientifiques »
sur «les acquis récents de la recherche sur le chikungunya et la dengue
dans l’océan Indien ». La presse n’a pas été invitée à assister à ces
exposés. On ne peut que le déplorer vivement : ils fournissent une
occasion privilégiée et attendue de mettre à jour des informations – qui
plus est de première main – jusqu’ici souvent éparses et parcellaires.
Peut-être les organisateurs – peu importe qui de la Commission de l’Océan
Indien, de l’Etat ou de la Région – ont-ils jugé que le public réunionnais
(et de la zone) n’y avait pas droit. Ou encore que le circuit de
l’information sur le chikungunya passait désormais nécessairement, en
priorité, par le ministère de la Santé et la presse nationale. Espérons
que le futur centre de recherche et de veille sur les maladies émergentes
ne sera pas placé sous le signe du même manque de transparence. Hervé SCHULZ |