Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | ||
Le Quotidien de la Réunion du Samedi 10 juin 2006 |
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Chikungunya : encore 1 000 cas |
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L’épidémie de chikunguna se maintient toujours à un niveau élevé avec 1000 nouveaux cas de contamination entre le 29 mai et le 4 juin. Soit trois fois plus que l’année dernière à la même date. Inquiétant. |
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Les chiffres sur le chikungunya ne sont toujours pas bons. 1 000 personnes ont été contaminées entre le 29 mai et le 4 juin. Soit trois fois plus que l’année dernière à la même période, alors qu’à l’époque on ne parlait même pas de démoustication. Ce qui inquiète sérieusement le préfet Laurent Cayrel qui, dès la semaine prochaine, rencontrera les élus locaux afin de relancer la lutte communautaire. « Toutes les statistiques le disent : la démoustication seule n’est pas suffisante pour éradiquer cette maladie, il faut à tout prix l’associer à la lutte communautaire. Ce second volet doit même être prioritaire, ce qui n’est pas forcément le cas actuellement. C’est pourquoi j’ai pris la décision de rencontrer les élus locaux dès la semaine prochaine », soutient Laurent Cayrel.
La semaine dernière, 1 500 civils et
militaires se sont relayés autour de quatorze sites répartis sur l’île.
Dans le même temps, vingt nouveaux foyers émergents ont été détectés par
les spécialistes de la Cire. « Pour quatorze sites, nous avons dû traiter
6 000 maisons. Car il est nécessaire de traiter tout le quartier. C’est
dire le défi qui nous attend avant le retour de l’été » s’inquiète Laurent
Cayrel. «Ce que fait la Civis en ce moment est une très mauvaise chose» «Malgré l’importance de l’épidémie enregistrée cette année, la population susceptible d’être infectée reste suffisante pour qu’un tel phénomène se reproduise, fait remarquer Vincent Pierre, épidémiologiste à la Cire. Il est donc indispensable d’insister sur la nécessité de maintenir les actions de prévention contre les piqûres de moustiques et de ne pas relâcher les efforts individuels et communautaires». Les 1 000 nouveaux cas de la semaine dernière porte désormais à 265 000 le nombre total de personnes infectées depuis l’apparition de l’épidémie en avril 2005. Concernant la mortalité, quatre nouveaux décès directement ou indirectement liés au chikungunya sont à déplorer, portant le total à 232. Les autres indicateurs sont très fluctuants. Le nombre de cas déclarés la semaine dernière est, par exemple, en augmentation par rapport à la semaine précédente qui comptait un jour férié. Même constat concernant le nombre d’arrêts de travail. Alors que les consultations aux urgences (40 diminuent). «Je me répète peut-être, mais il reste impératif de rappeler avec force l’importance des comportements individuels de prévention et de protection. Ces conseils sont particulièrement importants pour les femmes enceintes, notamment en fin de grossesse, les nourrissons, les personnes âgées ou encore ceux qui souffrent de maladie chronique» insiste le préfet. C’est en ce sens que Laurent Cayrel recevra la semaine prochaine les élus locaux afin de relancer la lutte et sensibiliser encore et encore. «J’ai des choses très importantes à leur dire en ce qui concerne le traitement des déchets. Ce que fait la Civis en ce moment en refusant les déchets venant de l’Ouest est une très mauvaise chose. Il ne sert à rien de démoustiquer si de l’autre côté il y a une perte progressive de la mobilisation communautaire», dénonce Laurent Cayrel. Concernant enfin les aides économiques, il est à noter que les entreprises de commerce ont pris le pas sur le tourisme (890 dossiers contre 429), en raison de l’allègement du dispositif et une légère reprise du secteur touristique. Au total, ce sont 3,6 millions d’euros qui ont été utilisés sur les 60 millions accordés par Dominique de Villepin. Dites-vous bien qu’il est encore beaucoup trop tôt pour baisser la garde et qu’il faut continuer la lutte si on ne veut pas revivre un même été que l’année dernière.
Un centre de veille en 2007 C’est en janvier prochain que le centre de recherche et de veille de l’océan Indien sur les maladies émergentes sera opérationnel. Financé dans un premier temps par la France, ce centre aura, bien évidemment, une vocation régionale d’association et de coopération avec les autres îles de l’océan Indien. A plus long terme, il aura aussi vocation à s’ouvrir à l’Afrique voisine et l’Asie. Tout devrait être officialisé lors de la réunion des ministres de la Santé de l’Océan Indien en septembre prochain. Mais auparavant, des experts internationaux établiront la convention qui régira ce nouvel outil axé sur la recherche et la veille des maladies émergentes. Selon le professeur Flahault, le centre sera opérationnel dans un délai de trois mois après la rencontre des ministres de la Santé de la zone. Ce qui nous amène en janvier 2007. «Ce qui nous manque aujourd’hui, dit-il, c’est un état des lieux des pays qui nous entourent en terme de recherche et de veille. L’inventaire qui sera réalisé doit nous permettre d’établir le cahier des charges et ensuite trouver les moyens financiers pour mener à bien cette lutte commune».
« C’est un signal fort et un signal
attendu, ajoute Paul Vergès. Nous devons éviter les erreurs qui ont permis
à l’épidémie d’exploser en fin d’année dernière. L’avenir n’est pas dans
le développement de chacun replié sur lui‑même, ce séminaire est l’exemple
concret de ce que doit être le co‑développement». |
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GROS PLAN
Urgences. C’est à Saint‑Paul que l’activité liée au
chikungunya reste encore la plus élevée puisqu’elle représente les 2/3 du
nombre total des passages aux urgences et la moitié d’hospitalisations de
l’île. Depuis le début de la mise en place d’une surveillance des urgences
(mi‑janvier), le taux d’hospitalisation globale reste toutefois stable, de
l’ordre de 30 à 40% |
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LA PHRASE
«L’été austral qui arrive est un rendez‑vous redoutable
qui impose aucun retard de délai dans cette lutte sans merci contre le
chikungunya»
Paul Vergès, président de la
Région |