Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Mercredi 14 juin 2006

LE PREFET AUX REPRESENTANTS DES COMMUNAUTES DE COMMUNES
 

Face aux déchets, il faut jouer collectif
 

 

La réponse au défi que représente la gestion des déchets ne peut être que collective, c’est ce qu’a rappelé hier Laurent Cayrel aux représentants des communautés de communes de l’île, réunis hier à la préfecture pour la relance d’une offensive conditionnée contre les gîtes larvaires.

 


«C’est une piqûre de rappel de la part du représentant de l’Etat, une piqûre qui était sans doute nécessaire car il ne faut surtout pas relâcher nos efforts ». Jean‑Louis Lagourgue avait le sens du propos de circonstance pour résumer la réunion organisée hier en fin d’après-midi à la préfecture. 

Les moustiques, le chik et les déchets figuraient au menu de la réunion à laquelle Laurent Cayrel avait convié les élus, les représentants des différentes communautés de communes de l’île mais aussi les responsables de la Diren et l’Ademe. Ceci pour élaborer un véritable plan de lutte contre les gîtes larvaires constitués par les dépôts d’ordure ménagères, d’encombrants et de déchets verts.
 

Dépôts sauvages en hausse 

« Je suis venu en tant que président de la Cinor », précise le maire de Sainte‑Marie, seul élu présent hier. « Ce sont surtout les communautés des communes qui sont compétentes en matière de traitement de déchets ajoutait‑il aussitôt pour expliquer que la présence des maires n’était pas indispensable dans ce conseil de guerre destiné à remobiliser les énergies contre l’épidémie. 

La lutte contre les dépôts sauvages, la collecte des encombrants, la relance du plan de nettoyage des ravines figuraient notamment à l’ordre du jour de cette réunion destinée avant tout à développer une meilleure coordination. 

« L’idéal serait que les jours de ramassage soient fixés une fois pour toute sur les quatre zones de l’île », soulignait Laurent Cayrel avant d’insister sur le fait qu’une campagne de communication allait être lancée pour appeler tous les citoyens à faire preuve de civisme et de sens de la discipline. C’est le seuil moyen de lutter contre les dépôts sauvages qui ont recommencé à se multiplier à travers l’île, constate le préfet de la Réunion. 

Et si la communication ne suffit pas il faudra avoir recours à la répression, a souligné Laurent Cayrel. « On peut déverser des tonnes de produits pour détruire les moustiques, cela ne sert à rien s’il y a toujours des dépôts sauvages. Une capsule de bouteille remplie d’eau suffit à constituer un gîte larvaire». 
 

Intervention d’office si nécessaire 

Ce rappel s’impose d’autant plus que selon les chiffres donnés par la DRASS la présence de l’aèdes reste inquiétante. « Il faut trouver ensemble des solutions », plaide le représentant de l’Etat en précisant que si la collecte et le traitement des déchets ne sont pas de sa compétence, il n’en est pas de même dans une situation de crise sanitaire comme celle que traverse l’île. 

C’est au nom de cet impératif sanitaire qu’il faudra au besoin recourir aux interventions d’office quand les propriétaires ne font pas face à leurs obligations. 

Mais au-delà de la situation de crise qui n’a fait qu’accentuer le problème c’est toute la question de la gestion des déchets qu’il faut aujourd’hui aborder et cela en sachant que le temps est compté. « Les déchetteries existantes seront saturées d’ici dix ans maximum », a rappelé le préfet pour souligner l’urgence du problème auquel la Réunion confrontée. 

Avec une population en constante augmentation et une production de déchets par habitant supérieur à la moyenne nationale, le tout dans un espace restreint dans lequel la maîtrise du foncier est devenu un casse‑tête : voilà le défi auquel il faut faire face.

 

Feux interdits
 

Le développement des filières de tri et de recyclage s’impose d’évidence pour toutes les communautés de communes de l’île, mais il faut mettre en place une politique globale de gestion des déchets verts au niveau de l’île, a insisté le représentant de l’Etat en saluant la mise en place du plan départemental de gestion des déchets qui va dans le sens souhaité d’une action coordonnée. 

Laurent Cayrel devait rappeler au passage que le brûlage des déchets est une pratique interdite depuis le mois d’avril après une période de tolérance laissée au plus fort de la crise du chikungunya. 

Il reste à mettre en place un réseau de stations de compostage pour délester les sites comme celui du Port actuellement saturé. 

Reste un volet qui fâche en particulier du côté du sud de l’île, celui du centre de valorisation énergétique destiné à recevoir les déchets dits ultimes. En langage clair un incinérateur, équipement qui figure en bonne place dans le plan départemental, selon la volonté exprimée par les élus, a rappelé le représentant de l’Etat. 

« Dans ce domaine on est prêt à un débat transparent en association avec la population, mais il ne faut pas un débat biaisé », a précisé Laurent Cayrel avant de rappeler que les 126 incinérateurs en service dans l’hexagone sont tous en totale conformité avec les directives européennes. 

«Ces équipements sont surveillés mais justement pour s’assurer qu’ils ne sont pas dangereux », a plaidé le préfet. 

D’ici le 15 juillet, une mission du ministère de l’environnement et du développement durable viendrait à la Réunion pour présenter ce qu’est un centre de valorisation énergétique, mais aussi pour débattre, leur venue étant organisée en accord avec la Civis, a annoncé le préfet en précisant qu’une commission locale d’information allait bientôt être mise en place.

 T.B.