Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Samedi 17 juin 2006

CHIKUNGUNYA : 500 CAS SEULEMENT RECENSES LA SEMAINE DERNIERE
 

 Le Chik au creux de la vague
 

 

Effets de la lutte à outrance ou de la période de fraîche, l’épidémie de chikungunya marque une pause avec la plus forte baisse du nombre de contaminés. Seuls 500 cas sont recensés entre le 5 et le 11 juin par la Cire (pour un total de 264.000 malades et 237 décès), qui présentait hier son bilan. Pas peu fier de cette baisse historique sur un an, Laurent Cayrel reste prudent.

 

  

La mobilisation paie... C’est cette par petite phrase que le préfet commence le bilan sur l’épidémie de chikungunya. Les chiffres de la semaine dernière sont encourageants. Du 5 au 11 juin, la Cire (Cellule interrégionale de recherches épidémiologiques) estime à 500  le nombre de nouveaux contaminés, ce qui donne un total de 264.000 personnes, depuis mars 2005, ayant présenté une forme clinique de la maladie. Il ne s’agit pas du nombre actuel de malades. 

Le chiffre hebdomadaire (500) est réduit de moitié par rapport à la semaine précédente. C’est la première fois que l’on atteint un tel creux depuis le pic d’épidémiologie. On compte une vingtaine d’arrivées aux urgences pour dix hospitalisations surtout dans l’Ouest (84 et 37 il y a un mois de cela) ce qui représente une baise de 43% (arrivées) et 23% (hospitalisés). Le total des décès, essentiellement de personnes âgées ayant d’autres pathologies a augmenté de cinq unités (237). 

Le préfet a demandé au ministre de l’Outre Mer, François Baroin, de veiller au maintien du dispositif militaire. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a pris cette décision et 300 militaires restent affectés à la lutte anti‑vectorielle. Du 8 au 14 juin, 153  brigades ont arpenté l’île et traité 198 sites émergents à 100%.
 

Gros foyers de l’Ouest au Sud 

Le Préfet précise que l’on ne passe pas au plan hivernal, d’autant que des foyers important persistent à la Possession, Saint-Paul, Saint‑Denis, Saint‑Pierre et Saint-Joseph. Lundi prochain, il présidera une réunion avec l’OMS (Office Mondial de la santé) et diverses associations, pour améliorer la communication. 

Pour ce qui est de l’eau, les 221 analyses de 103 captages (soit 52% des prises d’eau) dont les bassins versants comportent des zones traitées montrent la présence de pesticides agricoles (traces de Fénithrothion et de Téméphos sur 2% des captages). Seuls 12% de ces captages contiennent des hydrocarbures.  Des prélèvements de confirmation réalisés sur les captages incriminés (toujours avant le 15 février 2006) ne révèlent aucune trace d’hydrocarbures ni d’insecticides. Depuis février d’autres prélèvements ont confirmé qu’il n’y a toujours aucun résidu de Fénithrothion, Téméphos ou Deltamétrine ni d’hydrocarbures. Et comparativement avec la période précédant mars 2006, seuls 36% des captages présentent des résidus de pesticides agricoles (désherbant comme l’Atrazine, Hexazinone et Diuron).  

La Cire abonde dans le sens de la Préfecture. « Le nombre de cas baisse mais le suivi est plus délicat. Grâce à l’armée on va recenser les foyers importants. Nous demandons aux pharmaciens aussi de déclarer les malades. Du 26 au 30 juin ce sera la grande semaine de la déclaration. Ainsi on pourra mieux estimer l’évolution », confie Jean-Louis Solet, épidémiologiste à la Cire. 

La Réunion veut mettre toutes les chances de son côté et pour cela il faut un bon investissement humain. Laurent Cayrel a demandé au pôle sanitaire de la préfecture (Drass et Diren) une étude complète à propos de l’impact sur la nature (1er rapport attendu vers le 15 juillet).
 

L’impact sur la nature

«Tous les professionnels de santé devront participer du 26 au 30 juin et chez soi il faut garder les répulsifs et protections comme les moustiquaires», enchaîne le préfet. Jean-Louis Solet rappelle que les risques d’épidémie persistent sous les tropiques et il faut une lutte pérenne. «Un porte‑­à‑porte est prévu pour accentuer la lutte larvaire, parfaire l’éducation sanitaire et si chacun consulte son médecin les statistiques pourront vraiment être affinées», ajoute l’épidémiologiste. 

Attendons nous donc au porte‑à‑porte. Médecins, pharmaciens, Drass et le numéro vert faciliteront ce recensement. 

La Réunion se refait une santé, mais il n’y a pas de quoi pavoiser en petite tenue. C’est l’hiver. Signalons systématiquement les gîtes larvaires.
 

Thierry DAMOUR        
       

Gros Plan

Pas de précisions sur les rechutes.

Après un an d’épidémie et cette baisse caractérisée, l’objectif de la lutte n’est bien sûr pas de faire disparaître le moustique. Il s’agit de faire baisser sa prolifération pour rester dans le ratio en dessous de dix (situation non épidémique). L’incertitude concerne tout de même les rechutes. La Cire les estime à 30% environ, mais s’il y a effectivement des gens malades depuis leur contamination cela viendrait plutôt de leur système immunitaire déficient. Il n’y a aucune précision scientifique car les rechutes ne sont pas mises en évidence à travers la sérologie automatique des malades. Par contre la Cire est assez précise concernant les personnes n’ayant toujours pas reçu le résultat de leur sérologie. Cela ne peut que venir de l’infirmier ayant effectué la prise de sang ou alors du laboratoire local devant expédier les fioles en métropole et transmettre les résultats aux patients. Pour certains par l’intermédiaire de leur infirmier ou de leur médecin traitant.