Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Jeudi 22 juin 2006


 

«ll faudrait des référents voyages»

 

 

Médecin du travail et spécialiste de médecine tropicale, le docteur Irène Stojcic a monté en 2004 à la Réunion un diplôme universitaire (DU) de santé et voyages. Une nouvelle formation débutera en octobre prochain.

 

 

- La santé en voyage a-t-elle l’attention qu’elle mérite ? 

- Non, je ne pense pas, et j’en veux pour preuve la difficulté à organiser le DU. Les gens ont l’impression que, vivant à la Réunion, ils savent déjà tout. Pour eux la santé en voyage se résume à se laver les mains et à la prophylaxie contre le paludisme. Mais on s’aperçoit qu’ils ne savent pas composer une trousse à pharmacie, qu’ils confondent assistance et assurance, qu’ils ne savent pas si un accident survenant en mission à l’étranger est un accident du travail, ni qu’à Maurice la législation anti-drogue est très sévère, etc. La santé est envisagée d’un point de vue purement sanitaire, pas sous son aspect global. 

- Quels sont les professionnels qui devraient se sentir concernés ? 

- Les médecins, les pharmaciens, mais aussi les organismes qui participent à l’envoi de gens à l’étranger : l’université, la Région, le Département, sans oublier le Rectorat. Tous les ans, des groupes de jeunes partent en voyage, accompagnés par des enseignants. Tout le monde craint que quelqu’un tombe malade en route, mais on n’en parle pas, on fait comme si cela n’existe pas.

Il faudrait au moins un référent voyage par secteur. Pas forcément un médecin scolaire : ça peut être un enseignant. Les compagnies aériennes sont elles aussi concernées. Air France affirme qu’il forme ses personnels à Paris, mais c’est à vérifier. Posez des questions sur le chikungunya et vous verrez. 

- Et les agents de voyage ? 

- A la différence de l’université et du rectorat, où il s’agit de fonctionnaires qui relèvent de décisions administratives, les agences de voyage appartiennent au secteur privé, où il est plus difficile de prendre du temps pour former les gens. On peut toutefois imaginer qu’il y ait un référent par société.

 

                                                                                     H.S.