Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | ||
Le Quotidien de la Réunion du Samedi 1er juillet 2006 |
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CHIKUNGUNYA : UN NOUVEAU PROTOCOLE DE LUTTE | ||
600 nouveaux cas | ||
La Cellule inter-régionale d’épidémiologie estime à six cents le nombre de nouveaux cas de chikungunya survenus la semaine dernière. Pour mieux lutter contre l’épidémie, toujours considérée comme en stagnation, les autorités adoptent maintenant un nouveau protocole « de vigilance renforcée ». |
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Personne n’ignore qu’il y a cinquante-deux semaines dans une année, mais bien rares sont les personnes familières de leur numérotation. De ce côté, l’épidémie de chikungunya a dû habituer, au moins les responsables de santé publique, à de nouveaux repères. Gageons ainsi que, pour 2006, la «semaine 5» doit immédiatement évoquer chez eux le spectaculaire pic de l’épidémie, début février : quarante-sept mille cas en une semaine. Les derniers chiffres communiqués hier, portant sur la «semaine 25», gardent heureusement la modestie qu’ils affichent depuis quelques temps : six cents cas estimés entre le 19 et le 25 juin. Ceux qui suivent attentivement l’évolution hebdomadaire de l’épidémie noteront que cela fait deux cents de plus que la semaine précédente. Pour autant, la Cellule inter-régionale d’épidémiologie (Cire) n’interprète pas cette légère augmentation comme le signe d’une reprise. En effet, avec le niveau relativement bas de l’épidémie depuis quelques semaines, le système utilisé pour estimer le nombre de nouveaux cas – basé sur une extrapolation des données fournies par un réseau de médecins sentinelles – trouve maintenant ses limites. « Il est impératif désormais de revenir à un dispositif de surveillance exhaustive basé sur la recherche active autour des cas signalés », selon les recommandations de l’OMS, indique la Cire. Ce nouveau système (analogue à celui utilisé l’an dernier à pareille époque) va se mettre en place la semaine prochaine. Cela signifie que les prochains chiffres considérés comme véritablement fiables seront disponibles à la mi‑juillet. Au total le nombre de cas cumulés depuis le début de l’épidémie, en mars 2005, est estimé à deux cent soixante-six mille. Le nombre de certificats de décès portant la mention « chikungunya » s’élève à deux cent trente‑huit. Le nouveau protocole, dit de « vigilance renforcée », permettra aussi de mieux orienter la lutte anti-larvaire dans les zones urbaines. Après la démoustication systématique qui a concerné deux cent cinquante mille maisons, les traitements sont maintenant ciblés. Environ douze cents personnes sont actuellement engagés sur le terrain ; entre le jeudi 22 et le mercredi 28 juin, elles ont traité onze « sites émergents », soixante neuf cimetières (soit 90%), cent trente huit ravines (soit 66%), a détaillé hier Laurent Cayrel. La surveillance entomologique va elle aussi être étoffée. Le préfet a prévu de présenter cette semaine aux collectivités locales et associations les résultats de l’étude d’impact de la démoustication sur l’environnement qui devaient lui parvenir hier soir mais qu’il qualifie d’ores et déjà de « satisfaisants ». Enfin, les autorités veulent « renforcer la mobilisation sociale ». L’atelier « Combi » qui s’est tenu récemment à Saint-Denis, sous l’égide de l’OMS, pour examiner les moyens d’agir dans ce domaine, a fait émerger deux préconisations. D’une part inciter les gens à un tri des objets qui se trouvent dans leur cour, susceptibles d’abriter des gîtes larvaires. En gros, mettre à l’abri ce qui est indispensable et se débarrasser du reste, à travers les collectes de déchets et d’encombrants, explique-t-on à la Drass.
D’autre part, inciter les malades et
parents de malades à se manifester auprès du numéro vert (0800 110 000).
Celui-ci n’est plus que très peu utilisé (seulement cinq appels la semaine
dernière), alors qu’il constitue « un indicateur précieux » pour cibler la
lutte selon le nouveau protocole, souligne Laurent Cayrel.
Hervé SCHULZ
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En bref
Nassimah Dindar a rencontré mercredi ses homologues lors de la première journée nationale des conseillers généraux organisée par l’association des départements de France (ADF) au ministère de l’outre-mer à Paris. En présence de François Baroin, la présidente du Conseil du Conseil Général a publiquement remercié les conseils généraux de métropole et des Dom qui se sont mobilisés financièrement pour apporter leur soutien à la lutte contre le chikungunya. Ainsi, ce sont plus de 243.000 euros qui ont été donnés au Conseil Général de la Réunion pour poursuivre ses efforts en matière d’accompagnement des personnes fragilisées victimes du virus et en matière de prévention de ce même public, grâce à la distribution des produits répulsifs. Lors de son allocution, Nassimah Dindar a tenu à rappeler l’urgence de la mise en place d’un véritable service de prophylaxie par l’Etat, opérationnel en permanence. La présidente du conseil général a appelé de ses voeux la création d’un comité de coordination Etat/Région/Département et associations des maires pour préparer la mise en place d’un dispositif pérenne, véritable « plan Orsec sanitaire » de lutte anti-vectorielle, actif à la Réunion et dans la zone. |