Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Mercredi 5 juillet 2006

BAISSE DE CA DE 4,5 M € en 2006
Gillot victime du Chik
     

Sans surprise, l’épidémie de chikungunya se révèle catastrophique pour l’aéroport Roland Garros. La direction de Gillot a fait le calcul : en fin d’année, la diminution du nombre de passagers pourrait atteindre 300.000 personnes par rapport à 2005 (-21%), ce qui représenterait une baisse du chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros. 

Gillot ayant réalisé l’an passé un chiffre d’affaires d’environ 31 millions d’euros, cela représenterait une baisse de 15% de ses recettes ! 

Un tel scénario menacerait évidemment l’équilibre financier de l’aéroport. Alors que le contrat signé entre la CCIR et l’Etat prévoit que le ratio endettement/capacité d’autofinancement ne doit pas être supérieur à 5 au moment de la sortie de concession, Gillot se retrouverait à 59 fin 2006 contre 7,5 fin 2005 ! 

« Il nous faudrait au moins 5 ans pour revenir à un coefficient de 5 », commente Jean-Paul Noël, le directeur de l’aéroport Roland Garros.
 

Investissements repoussés aux calendes grecques 

Alors que sa concession prend fin en 2009, la chambre de commerce et d’industrie a donc sollicité une prolongation jusqu’en 2015 auprès du ministère des Transports. 

« Le dossier est en bonne voie. Le nouveau contrat de concession devrait être signé en septembre », annonce Eric Magamootoo, président de la CCIR. Durant cet intervalle, le statut juridique de Gillot devrait changer avec un passage en société aéroportuaire. 

Pour permettre à la concession aéroportuaire de redresser la tête, la moitié des 8 millions d’euros d’investissements programmés en 2006 ont d’ores et déjà été reportés. 

Si les travaux de réfection du parking avion ont été maintenus, l’extension Est de l’aérogare passagers a été repoussée aux calendes grecques. « La priorité dans les mois qui viennent sera donnée à la sécurité », annonce Jean-Paul Noël. Et on ne parle même plus de la venue possible de l’Airbus A380... 

Cette décision de limiter les investissements risque de se révéler insuffisante. Eric Magamootoo a donc sollicité une « intervention exceptionnelle de l’Etat ».
 

L’aéroport éligible au fonds de secours ?
 

La CCIR souhaite tout d’abord pouvoir bénéficier du fonds de secours mis en place par le gouvernement à destination des entreprises ayant subi une baisse de leur chiffre d’affaires, liée au chikungunya. En tant qu’établissement industriel et commercial, la CCIR ne peut normalement pas y prétendre. Mais son président a demandé une dérogation compte tenu de l’importance de la chute d’activité due au chikungunya. Seuls 5 millions d’euros sur les 60 millions d’aides consentis par l’Etat ayant été utilisés à ce jour, la chambre de commerce et d’industrie a peut-être une chance d’arriver à ses fins. 

La CCIR a également demandé à l’Etat de lui payer immédiatement l’intégralité des taxes dont il sera redevable dans les mois qui viennent. 

Enfin, la chambre consulaire a sollicité des services de l’Etat une autorisation d’emprunt de 5 millions d’euros destinée à renflouer sa trésorerie. Un emprunt qu’elle espère bien ne pas être obligée de souscrire si la situation financière de Gillot s’améliore. Il faudra pour cela que le chikungunya ne reparte pas de plus belle lors du retour de l’été austral. Et que les touristes reviennent à la Réunion. 

 C.B.