Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | ||
Le Quotidien de la Réunion du Mercredi 5 juillet 2006 |
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CHIKUNGUNYA | ||
Renforcer la veille sanitaire |
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La mission parlementaire d’information sur le chikungunya, présidée par Bertho Audifax, a rendu son rapport hier. Il préconise un renforcement de la veille sanitaire et l’adoption de plans d’urgence pour éviter les erreurs de l’été dernier. |
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« Le chikungunya a provoqué une crise sanitaire d’une ampleur inégalée : 265.000 personnes ont été touchées à la Réunion et 40.000 personnes à Mayotte, soit environ 30% de la population », a rappelé Bertho Audifax, président UMP de la mission et député de la Réunion, en présentant hier à Paris son rapport devant la presse. « Après un premier pic limité au printemps 2005 à la Réunion, l’épidémie a littéralement explosé » pour atteindre, en février 2006 « 45.000 nouveaux cas hebdomadaires », a-t-il précisé. Bien que le gouvernement et les services de l’Etat ne soient « pas restés inactifs », la flambée épidémique a mis à l’épreuve, selon lui, « le système de veille sanitaire, le système de soins et l’organisation de la gestion de la crise » dont il a noté les « lourdeurs ». « Les limites » du dispositif de surveillance qui « a perdu pied au moment de la flambée épidémique » ont été « sources de nombreuses polémiques sur les chiffres », tandis que « des signaux d’alerte n’ont pas été entendus », a souligné M. Audifax.
Egalement membre de la mission, Huguette
Bello, députée (NI) de la Réunion, a directement mis en cause « la
direction incompétente » de la Direction régionale des affaires sanitaires
et sociales (Drass) qui finalement a été « changée ». Huguette Bello demande une commission d’enquête Mme Bello a, par ailleurs, marqué son désaccord avec le nombre de 5 décès annoncés par M. Audifax. Pour ce dernier, « il faut distinguer les 5 décès directs et la surmortalité liée à l’épidémie ». « On ne fait injure à personne en disant qu’il y a eu sous‑évaluation de la mortalité », a dit Mme Bello, en retenant le nombre de 238 décès. L’épidémie reste aujourd’hui « active à la Réunion et à Mayotte », selon le rapport qui estime le nombre de nouveaux cas de 400 à 600 en juin. A Mayotte, la situation est sensiblement la même et « les risques de reprise de l’épidémie à la fin 2006 sont sérieux » dans les deux îles tandis que l’Inde et Madagascar sont également touchées, a précisé Mme Bello qui a réitéré sa demande de commission d’enquête. Parmi les 21 recommandations faites par la mission, la principale concerne « la mise en place d’un système d’alerte et de veille à l’échelle de l’Océan Indien ». Dans ce but, le rapport préconise la mise en place d’un « centre de veille et de recherche sur les maladies émergentes », et « la création d’un réseau de veille associant les collectivités d’outre-mer ainsi que les régions de métropole soumises au risque épidémique ». Il suggère de « doter la Réunion et Mayotte d’un plan d’urgence sanitaire, sous l’autorité du préfet ». La mission propose également « la mise en place d’un service de lutte anti-vectorielle » pour mener une action pérenne de démoustication dans un cadre législatif adapté à la situation de la Réunion ». Elle préconise en outre de « sensibiliser et mobiliser les populations », par le lancement « dans les plus brefs délais, d’un plan de communication, de grande ampleur sur les nécessités de la protection personnelle » et le développement « d’une action à long terme d’éducation sanitaire ». |