Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | ||
Le Quotidien de la Réunion du Mardi 22 août 2006 |
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Les essais cliniques piétinent |
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Voilà exactement trois mois qu’ont démarré, le 20 mai, les essais cliniques de la nivaquine sur le chikungunya. Deux types d’études principalement sont en cours à la Réunion pour tester sur des patients l’efficacité de ce médicament, déjà démontrée en laboratoire à Marseille fin janvier. L’étude «Curachik», qui vise à tester l’effet curatif, concerne 250 patients âgés de 18 à 65 ans, en phase aiguë de chikungunya. L’étude «Prévenchik», qui porte sur l’effet préventif de la nivaquine, concerne deux personnes volontaires, encore non touchées par le chikungunya, dans l’entourage de chaque patient de l’étude précédente, donc au total 500 personnes. A l’origine, les responsables de ces études espéraient terminer les essais en un mois et demi, ou «dans l’hypothèse la plus pessimiste», deux mois et demi, soit début août. Il a fallu déchanter. Déjà, le 20 juin, le docteur Sophie Journeaux, l’une des responsables locales, s’alarmait de voir qu’à peine une soixantaine de patients avaient été inclus dans «Curachik». Depuis cette date, le nombre a très peu progressé : il ne s’élève actuellement qu’à 74, précise Vanina Guernier, coordonnatrice de terrain. «On n’a eu qu’une seule inclusion la semaine dernière ; on en avait eu zéro la semaine d’avant», précise-t-elle.
Pour «Prévenchik», le nombre est encore
plus faible : seulement 34. «Souvent les personnes de l’entourage des
malades ont déjà eu le chikungunyua ou ne présentent pas les critères
d’âge nécessaires», explique Mme Guernier. Affiches dans les pharmacies La forte baisse de l’épidémie depuis mai est responsable de cette situation. Les six cas identifiés la semaine dernière permettent d’estimer entre 15 à 30 le nombre de nouveaux cas réels : mais cela reste trop peu pour que ces malades aient de bonnes chances statistiques de consulter l’un des médecins libéraux participant au dispositif. D’une centaine au départ, le nombre de ces médecins généralistes a été porté à environ 300, grâce à la stimulation des enquêteurs de terrain mobilisés pour les essais, précise Mme Guernier. Toutefois, durant les vacances, nombre de cabinets étaient tenus par des remplaçants qui n’ont pu participer à l’étude, signale-t-elle. Il est peu probable que le retour des médecins concernés, avec la rentrée, ni les affiches placardées dans les pharmacies, invitant les malades à consulter, suffisent à relever le nombre d’inclusions au point d’atteindre rapidement le chiffre de 125, considéré comme suffisant pour des résultats intermédiaires de Curachik. Lors de leur venue à la Réunion, début septembre, les responsables devraient se prononcer sur la question qui se pose avec de plus en plus d’insistance : faut-il continuer les essais cliniques dans les conditions actuelles – ce qui a évidemment un coût : celui des équipes de terrain, dont l’effectif a déjà été réduit à huit personnes, opérant en binôme – ou les interrompre jusqu’à une reprise (paradoxalement souhaitable, du point de vue des chercheurs) de l’épidémie ?
H.S.
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