Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien | ||
Le Quotidien de la Réunion du Mardi 22 août 2006 |
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LE CHIKUNGUNYA PEUT REPARTIR MALGRE SA FORTE
BAISSE |
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Zéro cas : l’objectif nécessaire | ||
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«Ca va repartir de plus belle après l’hiver». Depuis que l’épidémie de chikungunya affiche une spectaculaire décrue – au point d’être tombée à seulement six nouveaux cas par semaine, selon les tout derniers chiffres -, combien de fois n’entend-on pas proférer cette affirmation sur le ton de la certitude sinon de la promesse. Au point de susciter un certain agacement chez les sceptiques, pour qui quelques malheureux malades ne peuvent suffire à relancer une flambée épidémique. «On n’a évidemment aucune certitude. Mais la transmission virale continue, même si c’est sur un petit nombre de cas. Et si elle ne s’est pas interrompue au moment où les conditions climatologiques seront plus favorables, on peut craindre une reprise», confirme le docteur Philippe Renault à la Cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) Réunion-Mayotte, en rappelant qu’en 2005, l’épidémie a démarré à partir de 14 cas. «Avec 35% de la population immunisée, je ne vois pas comment on pourrait avoir une épidémie aussi importante qu’il y a quelques mois», nuance toutefois de son côté le docteur Sophie Journeaux, responsable locale des essais cliniques de la Nivaquine sur le chikungunya, qui pâtissent du tarissement du nombre de malades. Pour le docteur Renault, il faut que le niveau de l’épidémie tombe «à zéro cas pendant plusieurs semaines» pour s’estimer à peu près tirés d’affaire. Pourquoi plusieurs semaines ? Parce qu’il faut tenir compte de la transmission possible du virus par des personnes infectées, mais qui n’ont pas développé de symptômes, explique le spécialiste. Une étude est en cours pour déterminer la proportion de ces cas asymptomatiques. Ses résultats devraient être publiés le mois prochain ; il est probable qu’ils rejoindront ceux de tests sérologiques pratiqués en début d’année sur une population de femmes enceintes ; ils avaient révélé un pourcentage très minoritaire de «porteurs sains». En tout état de cause, «il est nécessaire de rappeler qu’en 2005, après s’être poursuivie pendant toute la durée de l’hiver austral, la transmission virale avait augmenté brutalement au retour de conditions climatiques favorables au vecteur», a insisté la Cire vendredi, lors de son dernier point de presse. Ces conditions favorable ce sont à la fois la pluie et la chaleur. Ce qui laisse normalement encore plusieurs semaines de répit. «Généralement, on découpe le climat de la Réunion en quatre saisons, explique Jacques Ecornier, chef prévisionniste à Météo France : la saison chaude, de décembre à avril ; une première inter-saison en avril-mai ; la saison fraîche ou froide (dans les Hauts) de juin à septembre ; et une deuxième inter-saison en octobre‑novembre». Ces deux mois-là voient l’arrivée de petites masses d’air chaudes ; ce sont elles qui, l’an passé, avaient favorisé la reprise de l’épidémie, laquelle n’était jamais descendue en-dessous de 100 cas par semaine et n’avait pas encore donné lieu, faut-il le rappeler, à des opérations de démoustication intensives.
D’ici là, le thermomètre est loin d’avoir
dit son dernier mot. Une température de moins 1 degré a été relevée il y a
deux nuits au Pas de Bellecombe, et c’est en septembre qu’on a enregistré
le record de la plus basse température à la Réunion.
Hervé SCHULZ
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