Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du Samedi 16 septembre 2006

CAMPAGNE DE COMMUNICATION CONTRE LE CHIKUNGUNYA
 
L’heure de la «chikaction»
 


Alors que l’épidémie de chikungunya se maintient sur un « plateau » de quelques nouveaux cas par semaine, une grande campagne de communication démarre aujourd’hui, qui va durer jusqu’à mi-novembre. Elle met l’accent sur l’importance de la protection individuelle
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Plus le temps passe, plus la certitude s’impose que l’épidémie de chikungunya passera l’hiver. 

La Cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) a recensé, la semaine dernière, 10 nouveaux cas, éparpillés dans l’île : un chiffre stable (il était de 9 la semaine précédente) qui, une fois « consolidé », devrait se situer entre 20 et 40. 

«On est en plateau depuis huit semaines ; il n’y a pas de foyer mais l’épidémie continue, même à très bas bruit », résume Vincent Pierre, coordonnateur de la Cire. 

«L’espoir de voir zéro cas en septembre est en train de s’évanouir», commente le préfet, Pierre-Henry Maccioni. 

Face à la menace d’une reprise de l’épidémie, même plus modérée que l’an passé, les autorités ne veulent plus se voir reprocher de mal réagir. « On n’a plus l’excuse d’être surpris, de subir ; on doit anticiper », a souligné hier les représentants de l’Etat, lors du traditionnel point presse hebdomadaire. 
 

«L’épidémie n’est pas une fatalité» 

Tandis que 1.200 personnes restent engagées sur le terrain pour la démoustication, une grande campagne de communication démarre aujourd’hui, qui va durer jusqu’au 15 novembre. A la radio, à la télévision (à partir du 20 septembre), dans la presse écrite et par voie d’affiches et autres supports, chacun sera appelé à la «chikaction». 

Objectif : « Faire comprendre à tous que le problème du chikungunya est collectif mais que sa résolution passe par une action individuelle ». La préfecture veut faire passer l’idée que « l’épidémie n’est pas une fatalité. Elle peut être arrêtée ». 

Le visuel de l’affiche montre une chaîne de dominos qui commencent à tomber les uns sur les autres ; mais une main qui retire une pièce stoppe cette chute en cascade : l’illustration que « pour arrêter le chik, il existe des gestes simples et efficaces ».
 

Avec l’arrivée de l’été «il y aura des pics»
 

Cette protection se décline de plusieurs manières : en se vaporisant de répulsifs pour éviter les piqûres de moustiques ; en nettoyant régulièrement sa cour ou sa varangue pour supprimer les gîtes larvaires ; en appelant le Numéro Vert (0 800 110 000) si l’on est atteint, ce qui permet aux équipes de démoustication d’intervenir rapidement ; se protéger aussi si l’on est malade, pour éviter d’être piqué et de permettre la transmission du virus à des proches. 

L’Etat, qui consacre 800.000 euros à son plan de communication présenté hier après-midi aux élus de la Région et du Département ainsi qu’aux parlementaires, veut une campagne « massive, pérenne et adaptée », indique le Préfet. 

« Massive », parce que tous les milieux sont visés : scolaire, économique, sanitaire mais aussi associatif : des supports de communication seront diffusés auprès de toutes les associations recensées dans l’île, au nombre d’environ 8.000, précise Daniel Boiley, délégué départemental à la vie associative. 

« Pérenne et adaptée » parce qu’avec l’arrivée de l’été austral, l’épidémie changera sans doute de tournure ». « Il y aura des pics, il faudra des messages différents », explique Pierre-Herny Maccioni. 

Ainsi, une deuxième tranche de la campagne, pour laquelle l’appel d’offres n’a pas encore été lancé, est-elle prévue à partir du 15 novembre et jusqu’à avril 2007.
 

                                                        Herve SCHULZ    
 

Gros Plan

ISOLEMENT

Alors que le nombre de nouveaux malades reste très modeste, d’aucuns ont exprimé l’idée, notamment dans les colonnes du courrier des lecteurs, que les malades soient mis en «quarantaine » durant les quelques jours (la période de virémie) où ils constituent des réservoirs de virus pour le moustique. Mais pour les responsables sanitaires une telle mesure n’a aucune raison d’être. « La quarantaine n’est justifiée que lorsqu’il y a transmission inter-humaine et aucune alternative », comme pour le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), indique Vincent Pierre. Son éventuelle efficacité pour le chikungunya reste « du domaine de la conjecture », estime le préfet ; son caractère coercitif serait surtout psychologiquement, et sociologiquement, très mal vécu, avec « le risque que les malades ne se signalent plus », empêchant la démoustication ciblée.

La meilleure attitude si l’on est atteint reste bien de se protéger individuellement, insiste Vincent Pierre.
 

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