Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien

Le Quotidien de la Réunion du mercredi 13 novembre 2006

TRANSMISSION MATERNO-FOETALE DU CHIKUNGUNYA

Les «bébés du chik» suivis pendant 24 mois

 

Trente-huit cas de nouveau-nés infectés par le chikungunya pendant la grossesse ou à l’accouchement ont été recensés depuis le début de l’épidémie. Beaucoup ont présenté des complications, en particulier neurologiques. Tous sont suivis jusqu’à l’âge de deux ans.

 


Les premiers ont été signalés à la Drass en septembre 2005 : le dernier en date est survenu en mars 2006 : au total trente-huit cas de nouveau‑nés infectés par le chikungunya pendant la grossesse ont été enregistrés dans les maternités de l’île depuis l’apparition de l’épidémie. 

Au début, le peu de connaissances médicales disponibles sur le chik ne laissait pas penser que la transmission materno-foetale pouvait être dangereuse. Mais l’émergence de formes graves, en particulier neurologiques, a vite alerté les spécialistes réunionnais. 

Ces derniers ont déjà fait paraître trois articles sur la question dans la presse spécialisée. Un quatrième est en préparation, qui précise la description clinique des nouveau-nés atteints. 

L’un des coauteurs, le docteur Alain Fourmaintraux, pédiatre et généticien au Groupe Hospitalier Sud Réunion, indique que sur les trente-huit cas retenus, six nouveau-nés ont fait une forme hémorragique cérébrale et dix-sept une forme neurologique (avec trouble de la conscience, coma, convulsions), certains pouvant avoir fait les deux formes à la fois ; six nouveau-nés ont présenté une forme cardiaque (myocardite, atteinte des artères coronaires) ; un nouveau-né est décédé de complication digestive (entérocolite).
 

Séquelles neurologiques

Aujourd’hui, «nous savons qu’au moins quatre nouveau‑nés ont des séquelles neurologiques cliniques, mais il est encore trop tôt pour connaître l’évolution neurologique à long terme et même à moyen terme puisque le dernier nouveau‑né atteint l’a été en mars 2006», indique le docteur Fourmaintraux.

Un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) baptisé «Chimère » est en cours. Il consiste à suivre, avec la participation des deux centres d’action médico-sociale précoce (Camsp) de l’île, les nouveau‑nés atteints jusqu’à l’âge de vingt-quatre mois, en les comparant notamment avec une population de nouveaux­nés non exposés. 

En l’état actuel, «nous savons que la transmission de la mère à l’enfant peut se produire quand la mère est en phase aiguë de chikungunya lors de l’accouchement, signale le pédiatre Saint-Pierrois ; elle se réalise alors dans 50% des cas». 

«Nous avons rapporté trois cas de transmission précoce avant le quatrième mois de grossesse ; mais nous n’avons pas encore prouvé qu’une transmission ait eu lieu entre ces deux périodes», précise également le docteur Fourmaintraux. 

Depuis février 2006, le Réseau Périnatal Réunion diffuse auprès des femmes enceintes une fiche d’information régulièrement réactualisée. 

Cette prévention semble efficace puisque, selon son président, le docteur Marc Gabrièle, le «taux d’attaque» du chikungunya chez les femmes enceintes est inférieur à celui observé dans la population générale.

 

                                                                           Hervé SCHULZ       

 

Risque élevé en fin de grossesse

Le Réseau périnatal Réunion (Repère) a réactualisé récemment sa fiche d’information à destination des femmes enceintes ou qui viennent d’accoucher.

- Pendant la grossesse, le Repère rappelle les mesures de prévention impératives : éliminer les lieux de ponte du moustique et se protéger contre les piqûres. Il insiste sur l’importance de consulter un médecin en cas de symptômes évoquant le chikungunya, et de s’adresser directement à la maternité s’ils surviennent au 9e mois de grossesse.

Si l’accouchement a lieu dans la semaine suivant les premiers symptômes, le risque de contamination du bébé est «important, mais rarement grave» ; il nécessitera une surveillance à la maternité pendant au moins cinq à sept jours.

On n’a pas relevé d’augmentation du taux de fausses couches ni de malformations ou autres anomalies si l’infection survient pendant les trois premiers de grossesse.

Entre trois mois et quatre mois et demi de grossesse, le risque d’atteinte du foetus est «exceptionnel». Trois cas ont été rapportés ; s’il n’y a  «aucun risque de malformation ou autres anomalies», en revanche il existe un risque de fausse couche, signale le Repère.

C’est dans la semaine qui précède l’accouchement et pendant l’accouchement lui‑même, que le danger est le plus grand. «Il y a un risque de 48% que les nouveau‑nés soient infectés lorsqu’ils naissent pendant la présence du virus dans le sang de la mère», souligne le Repère ; même si plus de 90% des nouveau‑nés guériront rapidement sans séquelles», ils nécessiteront un suivi prolongé en centre d’action médico-sociale précoce.

- Après l’accouchement, les seuls cas de transmission de la mère au nouveau‑né sont observés lorsque celui-ci est né pendant la semaine qui a suivi les premiers signes de la maladie. Dans ce cas une surveillance prolongée (cinq à sept jours) du bébé est mise en place à la maternité.

Pour éviter l’infestation du bébé par une piqûre de moustique – «les répulsifs cutanés sont contre-indiqués avant 30 mois» - il faut utiliser une moustiquaire si possible imprégnée d’insecticide, recommande le Repère.

En cas de problème, le Réseau périnatal Réunion est joignable par téléphone au 0262 35 15 99. On peut aussi consulter son site Internet : http://www.perinat-reunion.org/ 

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