Article reproduit par Nanou avec l'aimable autorisation du journal Le Quotidien
 

 
Le Quotidien de la Réunion du Samedi 28  avril 2006
               

2700 OUVEAUX CAS DE CHIKUNGUNYA : PAS DE BAISSE NOTABLE

«Mettre le paquet pour se protéger»
 

Avec 2700 nouveaux cas enregistrés entre le 17 et le 23 avril, et 207 décès portant la mention chikungunya depuis le début de l’épidémie, la Cire Réunion Mayotte insiste sur les mesures de précautions à prendre pour se protéger de la maladie.

 
« Il faut mettre le paquet pour se protéger. Ce n’est pas parce qu’on est en bonne santé qu’on ne doit pas se protéger du chikungunga ! ». Voilà le message fort que la Cire Réunion-Mayotte souhaite aujourd’hui faire passer dans tous les foyers Réunionnais. Pour la simple et bonne raison que l’épidémie stagne malheureusement à un niveau de contamination très élevé.

En effet, 2 700 nouveaux cas de chikungunya ont été enregistrés par la cellule entre le 17 et le 23 avril inclus (semaine 16). Un chiffre qui porte aujourd’hui à 248 000 le nombre de personnes contaminées par le virus. Et, d’après la Cire, une fois cette donnée hebdomadaire consolidée, on atteindra sans aucun doute la barre des 3000 cas déjà enregistrés pour la semaine dernière. Résultat : « On est sur un plateau depuis quelques semaines. Il n’y a plus de baisse notable. On est donc à un niveau stable de transmission. On est dans une phase charnière de l’épidémie », prévient Vincent Pierre, épidémiologiste et responsable de la Cire.

207 morts 

Il ne faut pas non plus perdre de vue que l’épidémie continue d’être la cause indirecte de décès chaque semaine. 207 certificats de décès portant la mention chikungunya ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie. On en comptait 203 la semaine dernière. « Nous les recevons en temps réel. Les communes nous les envoient le plus rapidement possible. Nous avons d’ailleurs envoyé une note pour que cela se fasse dans les plus brefs délais », explique Vincent Pierre. 

Aujourd’hui la Cire affirme qu’il n’y a « aucune raison de nier l’impact de l’épidémie » sur la surmortalité enregistrée. « Suite à l’analyse de l’IVS, nous avons constaté 34% de surmortalité en février. Cette courbe épouse complètement la courbe épidémique ». 

Bien sûr, on sait que les personnes les plus exposées sont les personnes âgées, les personnes souffrant de pathologies graves, les femmes enceintes, notamment en fin de grossesse, et les nourrissons. « On note évidemment une grosse prédominance de sujets âgés de plus de 65 ans. Un quart ont plus de 85 ans. Mais on sait aussi qu’il y a deux enfants sont morts du chik », ajoute l’épidémiologiste de la Cire. 

Mais attention, « ce n’est pas une fatalité, il faut simplement continuer à lutter contre l’épidémie ». D’où la nécessite de protéger les plus fragiles. On peut rappeler qu’à ce jour, il y a eu 57 infections materno-néonatales signalées, dont 45 biologiquement confirmées. « On l’a dit, on le répète, il faut absolument renforcer les précautions pour les gens qui ont des pathologies lourdes, il faut insister sur les mesures de prévention pour les sujets fragiles », affirme Vincent Pierre. 

Dans l’idéal, il faudrait que tout le monde se protège. « Bien sûr qu’il faut insister auprès des personnes fragiles mais le message doit être le même pour les personnes en bonne santé car certaines personnes ne connaissent pas leurs pathologies. Parfois, on ne sait pas par exemple qu’on est immunodéprimé », explique Vincent Pierre. 

Voilà de quoi inciter plus d’un à se protéger des piqûres de moustiques. 

                                                                           Delphine POUDROUX

Gros Plan

 Baisse des autres indicateurs.

Si le nombre de personnes contaminées chaque semaine ne diminue pas, l’ensemble des autres indicateurs sont en baisse 

- Nombre de passages aux urgences :

Le nombre de passages aux urgence pour suspicion de chikungunya au cours de la semaine 16 sont en diminution par rapport à la semaine 15 à Saint-Denis et à Saint-Paul et en légère augmentation sur Saint-Benoît et Saint-Pierre. C’est à Saint-Paul cependant qu’il reste le plus élevé. En revanche, le nombre d’hospitalisation reste stable. 

- Arrêts de travail :

Après une légère hausse en semaine 14, on observe à nouveau une diminution du nombre hebdomadaire d’arrêts de travail pour chikungunya enregistrés par la Sécurité Sociale au cours des deux dernières semaines.