Recommandations de bonnes Pratiques concernant la Protection Personnelle AntiVectorielle (PPAV) ou Protection contre les insectes piqueurs et les tiques.
Prise en compte des terrains particuliers lors d’une
PPAV
Terrains particuliers : la recherche bibliographique indique que seuls la femme enceinte, les enfants et, à un moindre degré, la femme allaitante ont fait l’objet d’études. On ne dispose d’aucune étude pour les personnes âgées ou les obèses. Pour les nouveau-nés, les nourrissons et les enfants, les vecteurs, les pathogènes transmis et les maladies relevant de la PPAV sont les mêmes que pour l’adulte.
Concernant les enfants, les données pharmacologiques plaident pour une utilisation possible des répulsifs à partir de 3 mois, quand le risque de maladie vectorielle grave est avéré. Par précaution, il est proposé d’étendre ce délai à l’âge de 6 mois ; d’autres mesures de PPAV (moustiquaires imprégnées) sont à privilégier pour les bébés de moins de 6 mois.
Chez la femme enceinte, le DEET dosé à 20 % a fait l’objet d’une étude (aux 2 eme et 3 eme trimestres de grossesse) qui n’a pas mis en évidence de risque materno- fœtal spécifique (niveau de preuve 1).
Les données de toxicologie de la reproduction et les données cliniques et/ou le recul d'usage n’ont pas mis en évidence à ce jour de signal spécifique justifiant de récuser ou de favoriser, chez la femme enceinte, tel ou tel répulsif parmi ceux retenus pour l’adulte (cf. recommandation 3), à la concentration suffisante.
Pour une femme enceinte, le séjour de courte durée en zone de maladies à transmission vectorielle doit faire l’objet d’une évaluation précise du rapport bénéficie/risque.
L’absence de données bibliographiques sur les diverses dermatoses et l’utilisation de produit de protection antivectorielle ne permet pas de caractériser un risque dermatologique secondaire à l’utilisation de tel produit sur une peau ayant une dermatose préalable par rapport à une peau saine. Les lésions cutanées chroniques sèches ne présentent pas de contre-indications à l’utilisation de répulsifs.
Recommandation Nr 19 |
a- Chez la femme enceinte, il est fortement recommandé
d’utiliser une moustiquaire imprégnée, de privilégier les moyens physiques de
protection et de limiter les périodes d’exposition aux vecteurs, en particulier en fin
de journée et la nuit ;
b- Les données de toxicologie de la reproduction et les
données cliniques et/ou le recul d'usage n’ayant pas mis en évidence à ce jour de signal
inquiétant, il est recommandé, chez les femmes enceintes, que les répulsifs cutanés
soient utilisés quel que soit le terme de la grossesse en cas de risque
élevé de maladies graves à transmission vectorielle. Dans ce contexte, on veillera à
utiliser la concentration minimale efficace de la substance active. Pour mémoire,
une efficacité de 4 heures vis-à-vis des Anopheles en condition de
terrain est obtenue avec les concentrations suivantes :
DEET : 30 %, picaridine : 20 %, IR3535 : 20 %, citriodiol : 20 % ;
c- L’utilisation de répulsifs par
une femme qui allaite est recommandée, en respectant les mêmes précautions que pour tout autre adulte en
veillant à la non application au niveau du sein et au lavage des mains avant la mise au
sein.
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Classe de graduation |
a : Grade A - b/c : Non gradé |
Recommandation Nr 20 |
Chez l’enfant, il est fortement recommandé dès l'âge de 6 mois d’utiliser
les répulsifs cutanés dans les zones à risque de maladie grave à transmission
vectorielle.
Age
|
Nb/jour*
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DEET**
(1) |
Picaridine |
Citriodiol
|
IR3535
(2) |
6 mois-âge de la
marche |
1 |
10-30% |
|
20-30% |
20% |
Age de la marche
24 mois |
2 |
10-30% |
|
20-30% |
20% |
24 mois-12 ans |
2 |
20-30% |
20-30% |
20-30% |
20-35% |
> 12 ans |
3 |
20-50% |
20-30% |
20-30% |
20-35% |
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* Nombre d'applications maximales par jour |
** En cas d'exposition aux anophèles vecteurs des Plasmodium, agents
du paludisme, la concentration minimale efficace de DEET est de 30 %.
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Classe de graduation |
Non gradé |
(1) Le DEET a fait l'objet de la première expertise au niveau européen, une restriction d'usage est émise chez l'enfant de moins de 12 ans. Cependant, en cas de risque élevé de transmission d'une maladie vectorielle, il est utilisable sur une période courte en respectant scrupuleusement le nombre d'applications maximum admis et les conditions pratiques d'usage chez l'enfant.
(2) Seule la France a émis une restriction d'usage de l'IR3535 chez l'enfant de moins de 30 mois. Cette position sera probablement amenée à évoluer dans le cadre de l'expertise européenne.
Les dossiers concernant la picaridine, le citriodiol et l'IR3535 sont en cours d'expertise au niveau européen.
Recommandation Nr 21 |
Pour les enfants, il est fortement recommandé de prendre les précautions
suivantes :
a- limiter les périodes d’expositions aux vecteurs,
en particulier en fin de journée et la nuit ;
b- privilégier les mesures de protection physiques (moustiquaires de lit
ou de berceau (Grade A), vêtements longs et amples, imprégnés) ;
c- ne pas placer des insecticides d’ambiance près du lit d’un nouveau-né
ou d’un nourrisson ;
d-en raison des risques de projections oculaires ou d’ingestion, empêcher
les enfants de manipuler des formulations sous forme de
spray, ne pas laisser l’enfant appliquer lui-même le répulsif ou
manipuler tout insecticide (Grade B) ;
e- ne pas appliquer de répulsif sur les mains des enfants ;
f- laver les zones enduites de répulsifs avant que l'enfant soit placé
sous la moustiquaire imprégnée (protection contre les moustiques) ou après
l’arrêt de l'exposition au risque (par ex. retour d'une promenade en forêt avec
risque de morsure de tiques) ;
g- examiner attentivement le cuir chevelu, site fréquent de morsure des
tiques chez les enfants comme chez les adultes.
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Classe de graduation |
Non gradé |
Recommandation Nr 22 |
En cas de lésions cutanées étendues, il est recommandé de privilégier
l'utilisation de vêtements imprégnés (en fonction du risque vectoriel). Dans le
cas d'application de répulsifs sur des lésions cutanées localisées, il est
recommandé de rincer soigneusement les répulsifs et notamment le DEET dès la fin
de l'exposition.
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Classe de graduation |
Non gradé |
Recommandation Nr 23 |
a- Pour les personnes présentant une pathologie pulmonaire, asthme en
particulier, il est fortement recommandé de ne pas utiliser les fumigènes, les
pulvérisations de répulsifs ou d’insecticides, et
d’utiliser les plaquettes ou les diffuseurs
d’insecticides, en surveillant la tolérance;
b- Il leur est recommandé d’éviter la manipulation de perméthrine et de
privilégier les textiles (vêtements et moustiquaires) préimprégnés.
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Classe de graduation |
a: Grade B - b: Non gradé |
Recommandation Nr 24 |
Il est fortement recommandé aux porteurs de lentilles cornéennes de ne pas
manipuler les lentilles de contact après application d'un répulsif en raison du
risque irritatif des produits et de l'altération possible des lentilles,
notamment par le DEET.
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Classe de graduation |
Grade A |
Rappel des principes de graduations |
Grade A |
Grade B |
Grade C |
Est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort
niveau de preuve comme des essais comparatifs randomisés de forte puissance et
sans biais majeur ou méta-analyse d’essais comparatifs randomisés, analyse
de décision basée sur des études bien menées
(niveau de preuve 1). |
Est fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de
niveau intermédiaire de preuve, comme des essais comparatifs randomisés de
faible puissance, des études comparatives non randomisées bien menées, des
études de cohorte (niveau de preuve 2). |
Est fondée sur des études de moindre niveau de preuve, comme des études
cas-témoins (niveau de preuve 3), des études rétrospectives, des séries de cas,
des études comparatives comportant des biais importants (niveau de preuve 4). |
Non Gradé |
En l’absence d’études, les recommandations sont fondées sur
un accord professionnel au sein du groupe de travail, après consultation du
groupe de lecture. Dans ce texte, les recommandations non gradées sont celles
qui sont fondées sur un accord professionnel. |