Les risques associés à l'utilisation d'une PPAV pour la santé humaine et les impacts environnementaux.
Risque acceptable associé à l’utilisation d’une PPAV
Les données bibliographiques ne permettent pas d’identifier un indicateur simple et unique de potentiel de transmission pour les différents couples vecteurs-agents pathogènes. Le potentiel de transmission dépend de très nombreux facteurs que les entomologistes regroupent sous les termes de compétence vectorielle et de capacité vectorielle.
La compétence vectorielle est la propriété intrinsèque d’une population de vecteurs de pouvoir transmettre ou non une population de pathogènes, mise en évidence au laboratoire.
La capacité vectorielle est le croisement de la compétence vectorielle et des conditions environnementales ; elle se mesure sur le terrain pour une population donnée de vecteurs dans des conditions données.
Au total, d’après les données de la littérature :
- la toxicité aiguë des pyréthrinoïdes utilisés pour un usage normal de PPAV est très limitée, et il n’y a pas d’éléments en faveur d’une toxicité à plus long terme ;
- les effets indésirables systémiques sévères des répulsifs cutanés sont rares et souvent liés à un mésusage. La quasi-totalité des effets indésirables observés concernant le DEET, le plus ancien et plus étudié, concernent son potentiel irritant cutanéo-muqueux et du système nerveux central.
Recommandation Nr 25 |
Il est fortement recommandé de prendre en compte la large supériorité du
risque «maladie» sur le risque «toxicité» des produits répulsifs et/ou
insecticides, lorsque ceux-ci sont utilisés selon les règles prescrites. |
Classe de graduation |
Non gradé |
Recommandation Nr 26 |
Pendant les périodes épidémiques, il est fortement recommandé que les
mesures de PPAV soient renforcées tant pour les résidants que pour les
visiteurs. Ces mesures permettent également de diminuer le risque d’installation
en zone non endémique de la transmission de certaines maladies à transmission
vectorielle.
Dans les zones impaludées, ces mesures doivent également être renforcées,
particulièrement en l’absence de chimioprophylaxie.
Dans les régions françaises particulièrement exposées, le groupe de
travail suggère que les autorités sanitaires puissent surveiller l'exposition
des résidants (volumes de produits consommés, contrôles analytiques
d'exposition).
|
Classe de graduation |
Non gradé |
Effets délétères à long terme des mesures de PPAV
Les impacts environnementaux liés à l’usage en médecine humaine des répulsifs et insecticides dans le cadre de mesures de PPAV ont été peu étudiés jusqu’à maintenant. Mais l’écotoxicologie sera prise en compte pour tous les biocides dans le cadre de la directive CE 98/8. Il en est de même de l’impact sur la santé par bioaccumulation.
Les impacts environnementaux peuvent être classés en :
- Impacts non spécifiques, liés aux matières utilisées et à leur coût environnemental. C’est le cas en particulier pour ces solutions «technologiques» dont l’efficacité est reconnue comme quasi nulle citées plus haut (cf R17 et R18). Fabriquées généralement à l’autre bout de la planète (coût environnemental lié au transport) elles sont le plus souvent en matières plastiques, sources de déchets difficiles à gérer et à recycler.
- Impacts spécifiques, liés aux molécules insecticides et/ou répulsives utilisées.
De nombreuses publications concernent les risques sanitaires liés à l’utilisation des pesticides en général (essentiellement en agriculture, mais aussi pour la lutte antivectorielle) mais les risques sanitaires en cas d’expositions prolongées, répétées, régulières aux produits utilisés dans le cadre d’une PPAV ne sont pas pris en compte.
Le groupe de travail recommande :
Recommandation Nr 27 |
Il est fortement recommandé que tous les produits utilisés dans le cadre d’une PPAV :
a- Aient fait l’objet non seulement d’une étude d’efficacité mais aussi d’une étude écotoxicologique ;
b- Ne soient pas rejetés dans la nature en fin d’usage ou en cas d’excédent (cas des produits de réimprégnation).
|
Classe de graduation |
Non gradé |
Risques pour la santé humaine liés aux nuisances et moyens de protection
A côté des arthropodes vecteurs de pathogènes, on distingue les arthropodes pathogènes par eux-mêmes (nuisances dues aux piqûres ou aux morsures, myiases, …) et les arthropodes hôtes intermédiaires.
Rappelons qu’en France métropolitaine, il y a chaque année plus de décès par piqûres de guêpes que par morsures de vipères.
Les principales nuisances se rencontrent dans les groupes suivants d’arthropodes :
1) Classe des Insectes :
a- Ordre des Hyménoptères (abeilles, guêpes, frelons, fourmis) pour lequel les manifestations dermatologiques vont d’une réaction localisée à une réaction systémique généralisée potentiellement létale.
b- Ordre des Diptères, avec :
- des espèces hématophages (moustiques, mouches, taons, moucherons) entraînant des réactions dermatologiques variées de type urticaire papuleuse, œdème régional, etc.
- des agents de myiases : ce sont des mouches dont les larves se développent dans les tissus, dans les cavités naturelles ou dans les plaies. On distingue des myiases furonculoïdes, des myiases migratrices, des myiases des plaies et des myiases cavitaires.
c- Ordre des Anoploures (poux) pour lequel les manifestations dermatologiques vont d’un simple prurit à des excoriations, des impétiginisations, etc.
d- Ordre des Psocoptères (psoques = poux des livres, poux des écorces) donnant des dermatites et des allergies respiratoires.
e- Ordre des Siphonaptères : représenté par les puces hématophages, donnant des urticaires papuleuses diffuses ou limitées aux membres inférieurs, et par les puces-chiques, dont les femelles s’installent dans le derme en donnant des tuméfactions enchâssées dans le tégument, avec un aspect en boule de gui.
f- Ordre des Hémiptères, avec :
- des espèces hématophages (punaises des lits, triatomes) dont les manifestations dermatologiques sont principalement des papules œdémateuses ou une urticaire localisée ;
- des espèces non hématophages (punaises communes) dont les piqûres entraînent un effet vésicant de type brûlure superficielle.
g- Ordre des Lépidoptères (papillons) dont les écailles de certains adultes ou les poils de certaines chenilles peuvent entraîner des érythèmes œdémateux douloureux, parfois bulleux. On observe souvent une topographie oculaire (œdème palpébral, conjonctivite et kératite) et quelques rares tableaux systémiques (prurit et/ou exanthème généralisé, dyspnée, choc, coagulation intra vasculaire disséminée).
h- Ordre des Coléoptères dont les manifestations dermatologiques vont d’éruptions vésiculo-bulleuses (cas des cantharides) à des dermatites sous forme de brûlure superficielle (cas des staphylins).
Une des manifestations dermatologiques les plus fréquentes après piqûre d’arthropodes (insectes et acariens) est l’urticaire papuleuse dont la description clinique est la suivante :
- Papules œdémateuses érythémateuses de 3 à 10 mm de diamètre, prurigineuses parfois surmontées d’une vésicule, rapidement excoriée, habituellement groupées en placards, disposées de façon irrégulière, classiquement symétriques. Durée : 2 à 10 jours. Evolution vers un prurigo ou une lésion pigmentée.
- Topographie : habituellement aux zones découvertes (faces d’extension des membres) (selon l’arthropode, parties couvertes et zones de striction vestimentaire). Nombre : quelques éléments à plusieurs dizaines
2) Classe des Arachnides :
a- Ordre des Aranéides (araignées) dont les morsures de certaines espèces peuvent entraîner des manifestations dermatologiques sévères (ulcères de grande taille) et des signes systémiques.
b- Ordre des Scorpionides (scorpions) dont les piqûres peuvent entraîner une brûlure immédiate, parfois excruciante, un engourdissement de la région, avec lymphangite et adénite possibles. Des syndromes toxiniques (neurotoxines) sont observés pour certaines espèces.
c- Ordre des Acariens :
- les sarcoptes de la gale entraînent un prurit diffus, es papules prurigineuses avec fréquemment eczématisation et impétiginisation ;
- les aoûtats (nombreuses espèces différentes) se manifestant par des papules hautement prurigineuses ou des papulovésicules érythémateuses ;
- les tiques, dont les piqûres peuvent donner des syndromes dermatologiques variés allant du syndrome aigu (placard érythémateux induré, ulcères nécrotiques, lésions ecchymotiques, placards bullo-pustuleux) accompagné parfois de surinfection, à un syndrome chronique (placard ou nodule granulomateux pouvant persister plusieurs années).
Certains pathogènes transmis par les tiques peuvent entraîner aussi une pathologie d’expression cutanée sous forme d’érythème migrant (borréliose de Lyme) ou d’escarres accompagnées d’adénopathies régionales ou de lymphangites (rickettsioses du groupe boutonneux).
3) Classe des Myriapodes :
a- Ordre des Chilopodes (scolopendres) dont les morsures de certaines espèces peuvent entraîner un érythème douloureux avec ulcération possible ;
b- Ordre des Diplopodes (iules) dont le contact avec certaines espèces peut entraîner des lésions vésicantes (brûlure superficielle, bulles) et/ou un œdème périorbitaire (conjonctivite, kératite) ;
Recommandation Nr 28 |
La pathologie cutanée la plus fréquente observée au retour de zone tropicale correspond à la surinfection de lésions de grattage faisant suite à des piqûres d'arthropodes, particulièrement celles de moustiques.
Des répulsifs ont été testés seuls ou en association et à des concentrations variables, contre certains arthropodes nuisants autres que les Culicidae : Reduviidae, Ceratopogonidae, Phlebotominae, Pulicidae et tiques.
Des protections parfois supérieures à 6h00 ont été obtenues, mais ces tests nécessitent d’être standardisés pour permettre une meilleure comparaison des résultats et une meilleure évaluation de l’efficacité réelle.
Il est fortement recommandé, pour se prémunir contre les nuisances connues :
a- de porter des vêtements protecteurs pouvant jouer le rôle de barrière (éventuellement des vêtements imprégnés) ;
b- de dormir sous moustiquaire, si possible imprégnée (Grade B) ;
c- et, si ces méthodes sont insuffisantes ou inadaptées selon les circonstances, d’utiliser des insecticides ou des répulsifs cutanés, si leur efficacité a été démontrée contre l'arthropode nuisant en cause, et en respectant les préconisations d’emploi (Grade A).
Les répulsifs actuellement disponibles ne sont pas efficaces pour une protection contre les piqûres d’hyménoptères (Grade B).
|
Classe de graduation |
Grade A et B (c.f. supra) |
Rappel des principes de graduations |
Grade A |
Grade B |
Grade C |
Est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort
niveau de preuve comme des essais comparatifs randomisés de forte puissance et
sans biais majeur ou méta-analyse d’essais comparatifs randomisés, analyse
de décision basée sur des études bien menées (niveau de preuve 1). |
Est fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de
niveau intermédiaire de preuve, comme des essais comparatifs randomisés de
faible puissance, des études comparatives non randomisées bien menées, des
études de cohorte (niveau de preuve 2). |
Est fondée sur des études de moindre niveau de preuve, comme des études
cas-témoins (niveau de preuve 3), des études rétrospectives, des séries de cas,
des études comparatives comportant des biais importants (niveau de preuve 4). |
Non Gradé |
En l’absence d’études, les recommandations sont fondées sur
un accord professionnel au sein du groupe de travail, après consultation du
groupe de lecture. Dans ce texte, les recommandations non gradées sont celles
qui sont fondées sur un accord professionnel. |