Présentation de la PPAV : Protection Personnelle AntiVectorielle
Avertissement
Le dossier SPECIAL PROTECTION 2014 a été réalisé à partir des
"Recommandations de bonne pratique pour la Protection personnelle antivectorielle"
publiées par la SMV (Société de Médecine des Voyages) et la SFP (Société
Française de Parasitologie) en septembre 2010.
Cette publication "informelle" à destination du grand public a fait
l'objet d'une publication scientifique aux éditions de l'IRD disponible en
langue anglaise dans la revue PARASITE.
Ce document est la propriété intellectuelle de la SMV-SFP.
Les extraits sont mis en forme et reproduits avec l'aimable autorisation de leurs auteurs.
*******
Contexte
L’épidémie de chikungunya qui sévît en 2006 à la Réunion a permis de
rappeler au public français l’importance de la lutte contre les arthropodes
vecteurs d’agents infectieux.
Toutefois, de façon très pragmatique, l'usage des
répulsifs et des autres moyens de protection s'était peu à peu imposé dans les
conseils aux voyageurs pour la prévention du paludisme et de la dengue, selon les
recommandations du Comité des maladies du voyageur et d'importation (CMVI)
relayant celles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour faire le
parallèle avec la Lutte antivectorielle (LAV), cette protection, est désignée
par les professionnels comme Protection personnelle
antivectorielle (PPAV) quand elle est dirigée contre un arthropode
hématophage (insecte ou tique) capable de transmettre un agent infectieux.
Les molécules répulsives ou insecticides utilisées font l'objet de la
directive européenne 98/8 sur les produits biocides dont la phase finale
d'instruction est en cours. Pour les répulsifs, après cette période
d'instruction des molécules actives, les produits finis disponibles dans
l'Union européenne feront l'objet d'une procédure spécifique d'autorisation de
mise sur le marché (AMM).
Actuellement les recommandations d'usage sont variables selon l'organisme
émetteur tant au niveau national qu'international. Il en résulte des
controverses aboutissant à un message confus pour le public et pour les
prescripteurs, médecins ou pharmaciens, alors que l'ensemble des produits et
moyens disponibles est en libre accès dans le commerce.
Dans ce contexte, la Société de
médecine des voyages (SMV) et la Société
française de parasitologie (SFP) ont proposé une réflexion globale sur la
protection personnelle antivectorielle. Cette réflexion a pris la forme de
recommandations pour la pratique clinique élaborées à partir de la lecture
critique de la bibliographie et de la confrontation pluridisciplinaire d’experts
du sujet, aboutissant à une position consensuelle argumentée.
Ce travail, soutenu financièrement par la Direction générale de la santé,
définit la place de la protection personnelle antivectorielle et décline sa mise
en œuvre au niveau individuel. Il a donné lieu
à la rédaction de documents destinés aux
professionnels de la santé ou au grand
public.
Les recommandations émises concernent avant tout les
voyageurs, mais aussi les résidants des zones à risque de transmission de
maladies vectorielles, des départements et territoires d’outre-mer français, des
pays étrangers, et de certaines régions de métropole. A ces mesures de
PPAV proprement dites, sont associées des mesures de
lutte antivectorielle, comme les pulvérisations intradomiciliaires
d’insecticides rémanents ou l’installation de moustiquaires de fenêtres ou de
portes.
Les recommandations s’adressent aussi à des populations nomades traversant
des zones à risque. Au cours de ce travail quelques observations ont également
été soulignées qui pourraient se traduire par des modifications règlementaires
lors de la mise en place de la procédure d’AMM pour les différents produits. Ce
travail collégial vient enrichir le travail coordonné par nos
collègues de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) sur la lutte
antivectorielle, adulticide et larvicide, en France.
Méthodologie générale
La méthode utilisée pour l’élaboration de ces recommandations est la
méthode “Recommandations pour la Pratique Clinique” (RPC)
proposée par la Haute autorité de santé (HAS).
Quatre équations d'interrogations bibliographiques générales sur le
système Pubmed ont été élaborées à l'aide du service de documentation de
l'Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé. Elles
prenaient en compte les différents moyens de protection personnelle identifiés
(insecticides, imprégnation des vêtements, moustiquaires, répulsifs),
les arthropodes cibles, objets de la protection envisagée, les agents
infectieux transmis par des vecteurs et les maladies dont ils sont responsables.
Les membres du groupe de travail en charge d'une question précise ont utilisé
ces équations avec les limites propres au champ de leur question. La recherche
bibliographique a également porté sur les documents des instances ou organismes
nationaux ou internationaux accessibles sur leur site internet.
Organismes internationaux :
Organisation mondiale de la santé (OMS-WHO) et ses agences, notamment le
groupe de travail sur les pesticides (Whopes) et le Service voyages
internationaux et santé (International travel health).
Institutions nationales :
Françaises : Institut de veille sanitaire (InVS), Institut national de
recherche et sécurité (Inrs), Agence française de
sécurité sanitaire des produits de santé
(Afssaps), Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du
travail (Afsset), Ministère de l'écologie, de l'environnement, du développement
durable et de la mer (Meeddm), Ministère des affaires étrangères (Mae),
Ministère de la santé et des sports (Mss), Direction générale de l'aviation
civile (Dgac-France), Étrangères : Centers for Disease Control and Prevention
(US-CDC), Environmental Protection Agency (US-EPA),
Agency for Toxic Substances and Disease Registry
(US-ATSDR), Agence de réglementation de lutte antiparasitaire (ARLA - Canada),
Agence de santé publique du Canada, Health protection agency (HPA -
Royaume Uni), National travel health network
and centre (Nathnac – Royaume Uni), Department of Health and
ageing (Australie), Institut de médecine tropicale d'Anvers (Belgique).
Dans ce document, pour chaque question traitée, les recommandations
proposées sont formulées selon une grille de cotation pour les niveaux de
recommandation et les niveaux de preuve, adaptée de Kisch.
Gradation des recommandations
Les recommandations proposées ont été classées en grade A, B ou C selon
les modalités suivantes :
 
- Une recommandation de grade A :
Est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort niveau de preuve comme des essais comparatifs randomisés de forte puissance et sans biais majeur ou méta-analyse d’essais comparatifs randomisés, analyse de décision basée sur des études bien menées (niveau de preuve 1).
 
- Une recommandation de grade B :
Est fondée sur une présomption scientifique
fournie par des études de niveau intermédiaire de preuve, comme des essais comparatifs randomisés de faible puissance, des études comparatives non randomisées bien menées, des études de cohorte (niveau de preuve 2).
 
- Une recommandation de grade C :
Est fondée sur des études de moindre niveau de preuve, comme des études cas-témoins (niveau de preuve 3), des études rétrospectives, des séries de cas, des études comparatives comportant des biais importants (niveau de preuve 4).
 
 
En l’absence d’études, les recommandations sont fondées sur
un accord professionnel au sein du groupe de travail, après consultation du groupe de lecture. Dans ce texte, les recommandations non gradées sont celles qui sont fondées sur un accord professionnel.