Recommandations de bonnes Pratiques concernant la Protection Personnelle AntiVectorielle (PPAV) ou Protection contre les insectes piqueurs et les tiques.
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Place des répulsifs cutanés dans la PPAV
En entomologie, la définition communément admise d’un répulsif est la suivante : «un répulsif est une substance qui induit chez l’arthropode un mouvement de retrait». Les répulsifs sont classés parmi les biocides (directive CE 98/8) à côté des insecticides, des herbicides et des fongicides qui représentent les principales familles de pesticides à usage non agricole.
A partir du 18eme rapport OMS du comité d'experts du paludisme (1986), les
experts préconisent l'utilisation de répulsifs en complément de l'usage de la
moustiquaire et de serpentins insecticides pour réduire le contact homme-vecteur
dans la stratégie de protection individuelle.
Dans le deuxième rapport du groupe de travail informel de l'OMS (1996) sur
l'évaluation des insecticides, la place des répulsifs est bien définie notamment
vis-à-vis des moustiques exophages (qui piquent à l’extérieur) et des
phlébotomes. Dans les années 1990, l'extension des résistances aux
antipaludiques et aux insecticides a conduit à renforcer la place des répulsifs
en application cutanée ou sur des tissus pour la protection individuelle contre
les maladies vectorielles.
L'émergence de l’infection par le virus du Nil occidental sur le
continent Nord américain a conduit les autorités sanitaires à redéfinir la
stratégie de protection contre les piqûres de moustiques. L'usage de répulsifs
est alors mis en avant en complément de mesures comportementales et
environnementales.
Ainsi dans le cadre de la PPAV, un répulsif est une substance naturelle ou
de synthèse qui présente une propriété répulsive vis-à-vis des arthropodes
hématophages. Repoussant le vecteur potentiel, elle limite le contact homme-
vecteur. Vis-à-vis des arthropodes, on peut classer les substances répulsives en
deux catégories : les extraits de plantes et les produits de synthèse. Les dix
caractéristiques idéales d'un répulsif sont :
a) Une efficacité prolongée sur un large spectre d'arthropodes,
b) L'absence d'effets irritants sur la peau,
c) L'absence d’absorption cutanée et de toxicité,
d) L'absence d'altération des fibres textiles lors de l'application vestimentaire,
e) L'absence de résidus gras sur la peau,
f) Une résistance éprouvée au lavage et au frottement,
g) L'absence d'effets sur les plastiques usuels,
h) Une stabilité chimique,
i) Un coût raisonnable pour un usage large,
j) L'absence d'odeur ou une odeur agréable.
L’utilisation des répulsifs cutanés en PPAV est devenue une stratégie essentielle pour éviter les piqûres d'arthropodes et lutter contre les maladies à transmission vectorielle comme le paludisme, la dengue, les filarioses, etc. Les répulsifs ne tuent pas en général les arthropodes mais ils modifient leur perception olfactive vis-à-vis de leur hôte.
Alors que le DEET (N,N-diethyl-m-toluamide) règne depuis 1946 sur le marché des répulsifs, de nouvelles molécules sont apparues ces dernières années améliorant l'utilisation de ces produits : odeur moins prononcée, texture améliorée et bonne tolérance générale.
Actuellement, les molécules répulsives en cours d'instruction en Europe au titre de la directive européenne 98/8/CE sont :
- Le DEET,
- La picaridine (1-piperidine carboxylic acid, 2(2-hydroxyethyl)- methylpropylester),
- L’IR3535 [3-(N-acetyl-N-butyl)aminopropionic acid ethyl ester],
- Le PMDRBO : mélange de cis et trans p-menthane 3,8-diol
Le Citriodiol™ est un nom déposé d'un produit contenant 64 % du mélange cis et trans p-menthane 3,8-diol associé à deux autres isomères.
L'application de ces produits doit suivre un certain nombre de règles.
Les huiles essentielles, extraites de plantes, sont également de plus en plus étudiées pour leur activité insecticide ou répulsive potentielle. De nombreux extraits sont ainsi étudiés en laboratoire mais ce sont des mélanges complexes de dérivés terpéniques et aromatiques dont la composition varie beaucoup en fonction de l'origine géographique de la plante qui a servi à les produire, du fabriquant voire d’un lot de fabrication à l’autre.
Très volatiles, elles sont souvent additionnées de vanilline pour augmenter leur activité répulsive. Cette activité semble liée à la synergie entre plusieurs molécules proches. Leurs principes actifs ne sont pas dénués d'effets secondaires, par exemple irritation cutanée pour le citral ou carcinogène pour l'eugénol.
Leur utilisation doit donc être limitée dans la protection individuelle contre les arthropodes.
Deux molécules ont été synthétisées à partir d'huiles essentielles et sont utilisées dans la PPAV :
- La perméthrine, pyréthrine synthétique dérivée du chrysanthème, Chrysanthemum
ou Tanacetum cinerariifolium, est réservée à l'imprégnation des vêtements et
des moustiquaires. Elle a à la fois des propriétés insecticides et répulsives
- Le citriodiol dérivé de l'eucalyptus Corymbia citriodora est utilisé comme
répulsif cutané.
Dans le cadre de la protection contre la piqûre d'un vecteur hématophage transmettant un agent infectieux, le bénéfice de l'usage des répulsifs apparaît supérieur au risque induit par cet usage, eu égard à la gravité potentielle des affections transmises, à tout âge. La recommandation d'usage des répulsifs doit être accompagnée des mesures suivantes :
- Adapter le rythme des applications à l'activité des personnes et à celle des principaux
vecteurs présents dans la zone géographique visitée ou de résidence,
- Appliquer sur peau saine découverte (inutile sous les vêtements) ;
- Ne pas pulvériser directement sur le visage (risque irritant oculaire démontré) mais
sur la main, et appliquer sur le visage en respectant les zones péri-muqueuses et
oculaires ;
- Rincer avant le sommeil pour éviter l'irritation cutanée par macération dans les plis
- Chez l'enfant, le répulsif doit être appliqué par un adulte.
Recommandation Nr 02 |
Il est fortement recommandé d’utiliser comme répulsifs cutanés uniquement
ceux dont les substances actives font actuellement l'objet d'une évaluation
de leur innocuité (toxicité animale et humaine, génotoxicité, écotoxicité)
et de leur efficacité dans le cadre de la réglementation européenne biocide
(directive 98/8/CE) et d’en respecter les préconisations d’utilisation.
Les substances actives actuellement en cours d'évaluation et susceptibles d’être
contenues dans des produits biocides sont :
- le DEET,
- la Picaridine (icaridine ou
KBR3023),
- l’IR3535 et
- le Citriodiol.
A terme, les formulations commerciales
seront soumises à autorisation de mise sur le marché en Europe. |
Classe de graduation |
Non gradé |
Recommandation Nr 03 |
Pour se protéger des Anopheles lors d’un séjour en zone impaludée, il est
recommandé d'utiliser une formulation commerciale dont la concentration en
substance active assure une protection efficace pendant au moins 4 heures en
condition de terrain, en se rapportant aux données suivantes (Grade A).
Les
concentrations efficaces selon le produit sont :
• DEET : 30-50 %
• IR3535 : 20-35 %
• Picaridine : 20-30 %
• Citriodiol : 20-30 %>
A ces concentrations, l'efficacité des molécules est également montrée
pour une durée plus longue vis-à-vis des Aedes et des Culex.
Les modalités d’utilisation doivent être adaptées à l’âge et aux conditions
physiologiques (enfant, femme enceinte : voir recommandations infra).
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Classe de graduation |
Non gradé |
Recommandation Nr 04 |
En raison de leur durée d'efficacité en général inférieure à 20 minutes
vis-à-vis des principaux vecteurs et des risques allergiques et
photosensibilisant reconnus, il est fortement recommandé de ne pas utiliser des
huiles essentielles comme répulsif cutané.
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Classe de graduation |
Grade B |
Recommandation Nr 05 |
Il est fortement recommandé de ne pas appliquer sur la peau un produit
répulsif en même temps qu’une protection antisolaire. Le répulsif ne devrait
être appliqué que 20 minutes après la protection antisolaire.
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Classe de graduation |
Grade B |
A propos de la recommandation 5, le groupe de travail rappelle l'importance des mesures physiques de protection contre le soleil (chapeau, vêtements couvrants).
Le groupe de travail propose :
1- Que la terminologie utilisée par l'industrie pour qualifier les produits finis
soit encadrée par la réglementation.
Par exemple :
a. Un produit revendiquant un usage en zone tropicale devrait avoir fait l'objet
d'études de conservation aux conditions tropicales et d'études d'efficacité sur
le terrain ; les études en laboratoire devraient comprendre, en sus des
études sur Culex et Aedes, des études sur une espèce anophèlienne vectrice.
b. Un produit revendiquant un usage en zone tempérée devrait avoir fait
l'objet d'une étude d'efficacité vis-à-vis des tiques en plus de l'étude
d'efficacité vis-à-vis des espèces culicidiennes.
2- Que ne soient pas proposés à la vente des produits mixtes contenant un répulsif
et une protection solaire.
Rappel des principes de graduations |
Grade A |
Grade B |
Grade C |
Est fondée sur une preuve scientifique établie par des études de fort
niveau de preuve comme des essais comparatifs randomisés de forte puissance et
sans biais majeur ou méta-analyse d’essais comparatifs randomisés, analyse
de décision basée sur des études bien menées (niveau de preuve 1). |
Est fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de
niveau intermédiaire de preuve, comme des essais comparatifs randomisés de
faible puissance, des études comparatives non randomisées bien menées, des
études de cohorte (niveau de preuve 2). |
Est fondée sur des études de moindre niveau de preuve, comme des études
cas-témoins (niveau de preuve 3), des études rétrospectives, des séries de cas,
des études comparatives comportant des biais importants (niveau de preuve 4). |
Non Gradé |
En l’absence d’études, les recommandations sont fondées sur
un accord professionnel au sein du groupe de travail, après consultation du
groupe de lecture. Dans ce texte, les recommandations non gradées sont celles
qui sont fondées sur un accord professionnel. |